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La descente aux enfers d’une femme pour qui tout allait pourtant plutôt bien. Un métier, un mari, un enfant. Et puis peu à peu de la fatigue, des cauchemars, des saignements. Une maladie, une dépression ? L’atmosphère s’alourdit, on pense à Hitchcock, l’angoisse s’installe, rythmée par la comptine inquiétante et entêtante qui donne son titre au roman. Sarah, quarante ans, décide de prendre une année sabbatique pour écrire un livre. Son métier de responsable des ressources humaines dans une entreprise de transports lui plaît bien mais elle regrette parfois de ne pas avoir choisi une carrière plus créative. Le temps est venu de tenter une aventure plus artistique au moins pendant un an. Cette complicité père-fils étonne Sarah qui a toujours eu une relation compliquée avec la maternité. La grossesse, l’accouchement ont été des moments difficiles. « Passé les quelques heures d'éblouissement qui ont malgré tout suivi l'accouchement, je suis devenue une carapace sans chair, recouverte de vêtements, sous laquelle il n'y aurait eu que du vent. Mon travail, mes amis, même Pierre, n'existaient plus. Leur impuissance, tellement évidente à mes yeux, m'empêchait de leur demander de l'aide. Il fallait que j’affronte seule cette période. Je n'imaginais pas qu'elle durerait si longtemps. Cette ambivalence la poursuit. Elle adore son fils mais leur relation reste complexe. Lui aussi aime sa mère mais quand la maîtresse demande pour Halloween de dessiner un monstre, c’est à elle qu’il a pensé : « Je n'ai trouvé que toi comme inspiration ! » Pour Sarah, c’est une vision cauchemardesque. « Longues jambes, cheveux noirs, yeux marrons, c'était bien moi. Avec des pupilles crachant des éclairs, des serpents en guise de cheveux, des jambes couvertes d'épines. J'avais l'air d'une folle. » Un autre élément troublant, c’est le goût de son fils pour le sang. S’il s’égratigne un genou, il lèche la plaie et si quelqu’un se blesse il n’hésite pas à y goûter. Malgré son jeune âge, son père veut l’initier à la chasse autour de leur maison de campagne. C’est un vrai roman d’atmosphère que nous offre Émilie Guillaumin, intercalant dans la narration des extraits en italique du journal de Sarah qui permettent de sentir de chapitre en chapitre l’aggravation de ses symptômes. Devant l’indifférence de son mari envers tout ce qui la concerne, on ressent tout de même une étrange impression comme si la famille s’était scindée en deux, elle seule d’un côté, Pierre et Thomas de l’autre, unis par une complicité aux accents carnassiers : « Petit chat, petit loup, petit tigre, petit ours... / Petites dents, grosses dents, petites griffes, grosses pattes... » Comment tout cela va-t-il se terminer ? Suspense… Serge Cabrol (10/02/23) |
Sommaire Lectures Harper Collins (Janvier 2023) 272 pages - 18 € Version numérique 11,99 €
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