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COLLECTIF

Iels marchent, iels s’aiment


Six très belles nouvelles parlent de la difficulté à se sentir soi-même et à exister tel qu’on le ressent en soi. Se sentir à sa place est très complexe quand, en tant que jeune, on se perçoit comme différent. De plus, l’environnement familial et le contexte social accentuent ce sentiment de mal-être.
La Marche des fiertés se retrouve dans toutes les nouvelles comme un lieu de partage avec des personnes qui acceptent toutes les particularités. L’écriture inclusive est très bien dosée dans les différents textes.

Côme a 18 ans. Iel se sent garçon mais n’ose pas en parler à ses parents. Iel veut partir de chez lui. Sa cousine, homosexuelle, va l’aider. Iels partent ensemble à la Marche des fiertés.
Cette marche est l’occasion de retrouver d’anciennes connaissances. Noa et Jay ne pensaient pas se revoir ainsi après plusieurs années.
Croiser un regard en faisant des photos peut aussi permettre d’échanger et de se découvrir.

Pour beaucoup, la souffrance de se sentir différent, de ne jamais se sentir à sa place a été terrible et l’annonce aux parents est toujours vécue comme un moment terrifiant. Beaucoup sont empêché.es au moment de révéler ce qu’iels sont vraiment. « Marie la regarde quitter la pièce, le cœur en miettes. Elle déteste causer de la peine à ses parents. Elle comptait sur leur bonne humeur pour trouver le courage de leur parler. Maintenant... elle ne sait plus. Une main se pose sur son épaule, la faisant sursauter. Juste derrière elle, sa sœur la fixe avec un air mi-peiné, mi-rassurant, et sa sollicitude chasse un court instant les questions qui l'assaillent. »

Lors d’un repas de famille, des propos très homophobes émergent alors que la Marche des fiertés passe sous les fenêtres de l’appartement.
« Elle ne supporte plus les commentaires moqueurs de son oncle. Ni les beaux discours de ses parents. Ils se cachent derrière leur conception étriquée de famille parfaite, de la normalité, pour justifier des propos d'une violence inadmissible. »

Marie vit en couple avec une femme mais l’avouer est trop dur. Les mots ne viennent pas. Grâce à son cousin Lucien, qui lui aussi se sent très mal face à son père intolérant, iels vont se soutenir pour être eux-mêmes et la Marche des fiertés va les aider.

La cinquième nouvelle a une forme très originale pour exprimer les déceptions, le malaise ressenti dans la Marche des fiertés, les retrouvailles avec une ancienne amie, très heureuse de revoir Victoire et qui fera tout pour qu’elle se sente à l’aise dans le défilé et dans leurs retrouvailles.

« d'un coup me voilà
dans la marche
au cœur des chants
des danses
et de la joie
de la colère aussi
des revendications
de la puissance »

Le dessin peut aussi être une manière de s’exprimer quand on n’ose pas parler et qu’il faut se cacher même face à ses parents.

Il y a beaucoup d’amour et d’espoir au fil des pages :
« La nuit avançait et nous étions comme ensorcelés l'un par l'autre. De fil en aiguille, nous avons dansé jusqu'au petit matin. Deux êtres pas à leur place qui se retrouvaient dans les marges. »

Ces nouvelles donneront beaucoup d’espoir et de courage à des jeunes qui se sentent mal à l’aise et cherchent leur équilibre personnel.
C’est un recueil très équilibré chargé de douleurs, de doutes, de joies, de bonheurs… à offrir sans modération.

Brigitte Aubonnet 
(28/06/23)    



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Jeunesse






COLLECTIF,  Iels marchent iels s’aiment
Le Muscadier

Collection Rester vivant
210 pages - 14,50 €




Auteurs :


À fleur de peaux

Ashley Brown

Éden Vembaud

Léo Mx

Merlin Maglore

Sam Raphaël·le