Marie-Hélène Lafon tourne autour de Cézanne, de sa peinture, de sa passion, de sa solitude, de son couple, de sa famille, de ses amis…
Elle nous donne à voir, grâce à son style personnel et juste, de multiples facettes de ce peintre mondialement connu qui fut la risée de ses contemporains d’Aix et qui malgré tout n’a rien cédé face à son désir de créer, de peindre sans cesse, de s’immerger dans les paysages, dans les portraits pour y révéler une émotion, un mouvement, passés inaperçus aux yeux du commun des mortels.

C’est un texte intense de Marie-Hélène Lafon où nous retrouvons sa propre passion pour la création, pour les paysages, pour les portraits où elle donne à voir aussi l’intérieur des êtres au cœur des familles. Des échos existent avec la famille de Cézanne.  C’est une exploration passionnante.

Marie-Hélène Lafon commence le « chantier » Cézanne après « avoir lâché » un autre chantier, celui qu’elle surnomme « le chantier violent », Les sources paru en janvier 2023.

Selon le docteur Gachet, « Le regard de Cézanne est difficile à saisir, frontal et mobile à la fois, affolé de l’intérieur mais pas fuyant. Ses yeux saillent, son nez lui fend la face en deux, comme un coup de sabre ; il hésite, il hésite entre face et gueule, gueule serait plus juste, sans offense aucune. Cézanne a une gueule qu’on n’oublie pas, son accent non plus ne s’oublie pas ; il fait paysage, il rocaille, il caverne, il éclate. »
Les regards du Docteur Gachet, de la mère de Cézanne, celui de son père, de sa femme, du jardinier, révèlent le peintre sous de multiples angles comme s’ils tournaient autour de lui pour le représenter au mieux.

Marie-Hélène Lafon donne aussi ses impressions à la vue du tableau Sous-Bois de Paul Cézanne lors de sa visite au Louvre en janvier 2009. « Tout fait présence, le silence est habité, on arrête de marcher pour que cesse le vacarme des pas et du sang sous la peau. On sort de soi pour faire corps avec la merveille. »

L’atelier des Lauves a été un lieu important pour Paul Cézanne et Marie-Hélène Lafon y découvre une échelle comme celle qui était dressée dans la cour de la ferme de ses parents.

Marie-Hélène Lafon réussit parfaitement à décrire la complexité de la richesse créatrice avec ses doutes et ses douleurs, cette persévérance où peinture et écriture peuvent se rejoindre.

Brigitte Aubonnet 
(18/10/23)