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Alan Parks excelle dans l’art du rebondissement, du renversement de situation et autres surprises littéraires. Ses courts chapitres rappellent le rythme des feuilletons du XIXe siècle dont chaque épisode créait l’irrésistible envie de savoir ce que réservait le suivant. On parle aujourd’hui de "page turner" et c’est très adapté à ce roman dont on tourne les pages avec avidité. Son personnage récurrent est l’inspecteur Harry McCoy qui vit et enquête à Glasgow où nous le retrouvons pour la quatrième fois, chaque roman portant le nom d’un mois : Janvier noir, L’enfant de février, Bobby Mars forever et maintenant Les morts d’avril. Tout d’abord il y a des bombes qui explosent à Glasgow, dans un appartement puis dans une cathédrale. Pas des charges importantes. Quelques dégâts mais pas de victimes sauf pour la première qui a semble-t-il explosé entre les mains de celui qui la préparait. On n’est pas en Irlande et visiblement, ce ne sont pas les professionnels de l’IRA qui sont derrière ces bizarres agissements. Ensuite, il y a un Américain, le capitaine de vaisseau en retraite Andrew Cooper qui aborde McCoy pour lui demander de l’aider à retrouver son fils, Donny, 22 ans, marin lui aussi, qui a disparu d’une base militaire proche de Glasgow où son navire est stationné. Cette disparition ne relève pas des attributions de McCoy mais l’Américain est à la fois sympathique, inquiet et très insistant. Et puis, il y a Stevie Cooper, l’ami d’enfance que McCoy va chercher à sa sortie de prison. Un ami très encombrant, devenu chef de gang et même gros bonnet de la pègre pendant que McCoy devenait flic. Leur relation est complexe mais les années d’enfance cabossée passées dans les mêmes internats et la protection que Stevie assurait à McCoy contre « les brutes et les frères chrétiens » créent des liens difficiles à rompre. Stevie est un violent capable de devenir incontrôlable par moments. Il a quelques comptes à régler après ses six mois de prison et personne ne l’en empêchera. Quant à connaître la nature de ces comptes, McCoy ne le découvrira que très tard. Du côté de la disparition du fils Stewart, McCoy va comprendre qu’il s’est dangereusement approché de gens pas fréquentables. En ces années de guerre ouverte entre l’IRA, l’armée loyaliste, l’armée britannique, les services secrets, les groupes paramilitaires et les extrémistes de tous bords, il fallait faire attention où l’on mettait les pieds et Donny, voulant bien faire, s’est montré très imprudent.
De page en page, on voit les affaires se complexifier, s’enchevêtrer, les apparences se révéler fausses, les leurres couvrir les vraies motivations, les alibis se construire et se détruire à une vitesse vertigineuse et, au milieu de tout ça, McCoy s’efforçant de faire correctement son boulot, prenant tous les risques pour démêler les écheveaux, empêcher Stevie de se jeter dans des situations inextricables, mettre fin à la vague d’attentats qui monte en puissance et retrouver le marin dont le père est de plus en plus désespéré… C’est beaucoup pour un seul homme d’autant plus qu’il doit rassurer en permanence son adjoint, Wattie, qui manque encore d’assurance et de confiance en lui… On vagabonde de jour et de nuit dans les rues de Glasgow en 1974, ses bars et ses quartiers mal famés. Plus qu’un décor, c’est une atmosphère et un voyage passionnant dans le temps et l’espace. Serge Cabrol (11/04/23) |
Sommaire Noir & polar Rivages / Noir (Mars 2023) 448 pages - 23,50 € Traduit de l’anglais (Écosse) par Olivier Deparis
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