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Frédéric H. FAJARDIE

(1947-2008)


Un pont sur la Loire

« J'aime pas leurs sales gueules. Je suis antifasciste parce que je suis anti faces tristes. »

Quel plaisir de retrouver dans cette réédition la gouaille rebelle de Fajardie même si les horreurs de la dernière guerre sont condensées ici dans un formidable raccourci : trois jours où une poignée de soldats et une compagnie de Sénégalais vont essayer d'empêcher une colonne blindée allemande de passer sur un des derniers ponts encore intacts vers Orléans. Alors que c'est la débandade autour d’eux, qu'ils désespèrent qu’un avion vienne bombarder ce fameux pont, on assiste d'un côté au massacre atroce des soldats africains par les nazis et de l'autre à l’abjecte lâcheté collabo des notables du petit village qui n'hésitent pas à tirer dans le dos de la dizaine de soldats antifascistes qui n'acceptent pas la défaite.

« Peu leur importait l'occupation probable et le fait que leur pays se trouverait ravalé au rang de puissance de seconde importance. Pour eux, l'intérêt public devenait enfantillage, la nation n'existait plus et, dans ce salon aux volets clos, chichement éclairé et meublé avec un navrant conformisme, ils préparaient la France des jours sombres et des matins blêmes où l'on étouffe les libertés publiques en posant dessus un képi de maréchal. »

Parmi les soldats résistants, la figure d'Henri Dragance, écrivain dans le civil, ancien combattant, cassé en 17 pour s'être senti « plus proche des mutins que du général en chef », combattant aux côtés des républicains pendant la guerre d'Espagne, membre de la SFIO et ayant participé au Front populaire, va animer l'humble barricade dressée contre le fascisme par son humour et sa détermination et soutenir le moral de la toute petite troupe qu'ils forment, tout en tombant amoureux d'une jeune Polonaise, habitante du village et admiratrice de l'écrivain.

Face à ceux qui crient « Vive la mort » éclate, sur ce pont, comme un feu d'artifice avant la nuit de l'occupation, les dernières lueurs d'une certaine douceur de vivre.

« Un soir d'été, un bon petit pinard, une cibiche, le bruit de la flotte comme si c'était un ruisseau... On est là en bretelles, peinards, comme si c'était la paix et, depuis ce matin, on entend le bruit du canon qui se rapproche. […] C'est parce que je ne veux pas qu'on me retire ça que je défends le foutu pont. […] Les hommes ne voulaient pas aller dormir, ne pas briser ce rare instant de fusion alors que la mort approchait avec ses bottes de sept lieues. On voulait vivre, rire, boire, fumer... »

Sylvie Lansade 
(24/08/18)    




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La Table Ronde

Petite Vermillon
(Mai 2018)
272 pages - 8,90 €





Frédéric H. Fajardie
(1947-2008)
romancier, nouvelliste et scénariste a écrit plusieurs dizaines de romans noirs, policiers ou historiques et de recueils de nouvelles



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