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Vendémiaire

(Avril 2021)
360 pages - 20 €

Alexandre POUCHKINE
(1799-1837)

Le visiteur de marbre
et autres œuvres théâtrales



Aragon a pu écrire : « la langue russe a eu son Dante en Pouchkine »* et par ailleurs Nicolas Gogol a écrit : « Le nom de Pouchkine évoque tout de suite l'idée de poète national russe. En effet, aucun de nos poètes ne le surpasse et ne peut se dire plus national : c'est à lui que ce droit appartient absolument. Comme un dictionnaire, il renferme toute la richesse, la force et la souplesse de notre langue. Plus que les autres, il en a reculé les limites et en a mieux montré toute l'étendue. Pouchkine est un phénomène extraordinaire, peut-être même un phénomène unique de l'esprit russe : c'est le Russe dans son développement, tel qu'il sera peut-être dans deux cents ans. La nature russe, l'âme russe, la langue russe, le caractère russe se sont reflétés en lui avec la pureté, la beauté épurée d'un paysage qui se reflète sur la surface bombée d'un verre optique. »**

L'histoire semble donner raison à Gogol ; en effet rares de par le monde sont les écrivains qui font l'objet d'un culte aussi vivant. Outre les innombrables livres qui lui ont été consacrés par des écrivains de son pays, le peuple russe, aujourd'hui encore, lui rend hommage en maintes occasions sur la place qui porte son nom. Hommage à son œuvre ? Sans aucun doute, mais peut être aussi hommage à la vie même de Pouchkine, vie relativement brève (1799-1837) qui se termine tragiquement par un duel et qui aura été le reflet des soubresauts de la société russe du début du XIXe siècle avec son cortège de violences de l'autocratie (il sera condamné à l'exil dans le Caucase, accusé suite à l'insurrection décabriste***).

En France, l'œuvre de Pouchkine a fait l'objet de nombreuses traductions, par des écrivains et non des moindres : Tourgueniev, Nabokov... mais le nom de Pouchkine semble plus connu au travers de musiciens qui ont puisé dans son œuvre : Boris Godounov de Moussorgski, Eugène Onéguine de Tchaïkovski, Mozart et Salieri de Rimski-Korsakov... Cependant, aussi subtils soient-ils, les livrets de ces chefs-d'œuvre ne peuvent bien évidemment pas restituer 'la langue' des drames de Pouchkine.

Avec Le visiteur de marbre et autres œuvres théâtrales, les éditions Vendémiaire nous donnent l'occasion de découvrir ou de redécouvrir Pouchkine au plus près de son écriture et de sa langue. Dans cette nouvelle traduction, nous retrouvons Boris Godounov, Le visiteur de marbre, Mozart et Salieri mais aussi une autre pièce de théâtre moins connue comme Le Baron avare. Le parti pris du traducteur Andreï Vieru : « J'avoue que je traduis Pouchkine pour l'oreille – autant dire pour la scène – bien plus que pour l'œil » invite le lecteur à être attentif à l'univers sonore de la langue. Dans sa postface intitulée "Pouchkine et sa musique. De la tâche du traducteur et de celle de l'interprète", non seulement il nous livre ses justifications quant au choix d'un mot plutôt que d'un autre mais aussi il nous donne un éclairage érudit sur l'œuvre de Pouchkine.

Avec cette nouvelle traduction, c'est un plaisir de redécouvrir Pouchkine au travers des indications précieuses et parfois savantes du traducteur et, pour un lecteur non russophone de tenter de percevoir l'univers sonore de la langue russe.
           

Yves Dutier 
(03/06/21)    

* Cité par Léon Robel, Revue Europe N° 842-843
** Gogol : "Quelques mots sur Pouchkine" publié dans la revue Europe N° 842-843
*** Insurrection décabriste ou décembriste : tentative de coup d'État le 14 décembre 1825 afin d'obtenir une constitution du nouveau Tsar Nicolas 1er qui s'ensuivit pour les protagonistes de cette opération une répression féroce.




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Pour mémoire










Alexandre Pouhkine
(1799-1837)
poète, dramaturge
et romancier,
né à Moscou
et mort en duel
à Saint-Petersbourg.

Bio-bibliographie sur
Wikipédia




Traduit du russe par
Andreï Vieru




Andreï Vieru a traduit les pièces de Pouchkine et rédigé l'ample postface de cet ouvrage. Pianiste, il s'est produit en récital, seul ou en musique de chambre, dans les grandes salles parisiennes où il joue Liszt, Bach, Beethoven ou Stravinsky. Écrivain et philosophe, il a notamment publié Le Gai Ecclésiaste. Regards sur l'art (Seuil, 2007) et Éloge de la vanité (Grasset, 2014).