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Sylvia PLATH
(1932-1963)



La cloche de détresse






La cloche de détresse, publié à Londres en 1963, sera l'unique roman de Sylvia Plath. Celle-ci se donnait la mort un mois après sa parution à l'âge de 30 ans. Ce livre est aujourd'hui considéré comme un chef-d'œuvre universel. L'ensemble des écrits de Sylvia Plath vient d'être réédité en un Quarto Gallimard où La cloche de détresse devient La cloche de verre.

A dix-neuf ans, Esther Greenwood, une étudiante américaine, gagne – ainsi que onze autres jeunes femmes – un concours organisé par un magazine de mode. La récompense consiste en un hébergement à l'hôtel de luxe Amazone à New-York.
Pendant quatre semaines, les jeunes lauréates vont être adulées comme de jeunes reines. Elles découvrent la liberté et cheminent de galas en défilés de mode.
En toile de fond du roman, l'Amérique des années 1950 avec l'exécution du couple Rosenberg.

A New-York, Esther ne s'intègre pas totalement au tourbillon des réjouissances. Elle a tendance à ressasser son enfance et son adolescence d'étudiante. Un sentiment d'isolement la déprime alors qu'elle regarde la rue depuis sa chambre d'hôtel : "Ce n'était pas le silence du silence. C'était mon propre silence."
Cahin-caha s'écoule le mois de récompense, avant le retour à Boston chez sa mère (son père d'origine allemande est mort alors qu'elle avait neuf ans).

Et là tout bascule.
Esther est engloutie dans un gouffre de solitude et d'impuissance. Sa perception de la réalité se distord et le doute n'est plus permis, elle nous raconte, lucide et claire, les affres d'une dépression qui s'achèvera dans la cave de la maison de sa mère par un suicide raté, car "une voix intérieure me conseillant l'idée que je pourrais bien me tuer a germé dans mon cerveau."
Le reste suit. Elle est hospitalisée pour traitement psychiatrique et va d'asile en asile.

Autour d'elle, gravitent moult personnages quelque part désolants.
Ainsi Buddy Willard, son flirt de deux ans. Apprenti médecin, il la convie pour la séduire à le voir disséquer des cadavres à l'hôpital. Un peu plus tard, en guise de demande en mariage, il lui déclare que "ce qu'un homme cherche, c'est une épouse, ce que recherche la femme c'est la sécurité illimitée."
A quoi ça tient le bonheur !

Elle croise sur sa route Doreen, également lauréate du concours organisé par le magazine de mode et complètement déjantée (Esther la retrouvera à l'asile). Elle rencontre Joan, une amie de Buddy, déséquilibrée, qui finira par se pendre.
Il y a aussi le docteur Gordon, champion des électrochocs. Irwin le prof de maths qui la dépucelle dans une interminable hémorragie. La poétesse Philoména Guinéa, sa protectrice financière, qui lui octroie une bourse. Sa mère dont elle est totalement coupée.
La plus belle source humaine d'espoir viendra du docteur Nolan qui saura – même si elle n'éliminera pas ses doutes – l'accompagner jusqu'à sa sortie de l'asile.

La cloche de détresse est le récit autobiographique de Sylvia Plath.
Dans sa vie réelle, des ennuis de santé, des difficultés financières, deux enfants en bas âge ont gêné son écriture. Elle s'est toujours sentie menacée par cette cloche de verre, contre laquelle elle se sera battue, qu'elle pensait maîtriser, mais dont elle disait : "La cloche de verre avec ses déformations étouffantes descendra un jour sur moi."
Elle pensait devenir professeur, écrire des recueils de poèmes devenir rédactrice d'un magazine. Elle vivait au fond d'elle-même le conflit entre le mode de vie d'une intellectuelle poète et celui d'une femme bonne ménagère, présente pour les enfants et le mari, cliché du bonheur à l'américaine.

Son unique roman possède les germes d'une haute dimension littéraire. L'histoire d'Esther Greenwood – Sylvia Plath transposée en fiction – est l'histoire d'une jeune femme obsédée par le suicide et que l'écriture ne parviendra jamais à endiguer.
Esther voyait les années de sa vie jalonner une route comme des poteaux télégraphiques, reliés les uns aux autres par des fils. "J'en ai compté un, deux, trois… dix-neuf poteaux mais après… les fils dansaient dans le vide. Malgré tous mes efforts je ne voyais pas de poteaux après le dix-neuvième."

Patrick Ottaviani 
(13/10/12)    





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Pour mémoire













Gallimard
270 pages - 9,65 €



Traduit de l'anglais par
Michel Persitz










Gallimard Quarto
1288 pages - 29 €



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