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Jean-Louis UGHETTO (1938-2011)

Dernières nouvelles



Le titre Dernières nouvelles résonne étrangement, vibre douloureusement. Jean-Louis Ughetto est mort en 2011. On ne lit pas de la même manière les textes posthumes et les textes anthumes. Dans ce recueil de trois nouvelles, tout tourne autour de la mort, sur un ton où l'alacrité noire le dispute à l'élégance du désespoir. Ughetto nous emmène en riant, en dansant, en rêvant.

Alice et Lia. Elles sont les femmes d'un narrateur qui apparaît sous l'unique initiale de "U". Elles apparaissent dans les deux nouvelles les plus longues du recueil, encadrant un texte où un autre duo féminin, Émilie et Marcia mène là aussi la danse. Dans "Cerveau reptilien avec des écailles", le narrateur est mort, se réveille sans nez dans un lit d'hôpital après avoir séjourné quelques années sous des gravats. Et tout va très vite. De cette nouvelle, on aurait pu faire un roman de quelques centaines de pages. Les deux femmes de sa vie – Alice et Lia, donc –, étrangement semblables, s'emploient à démêler les péripéties de la situation. Dans "Ça vous fait rêver la cachaça ?" on en apprend un peu plus sur l'irruption de Lia dans la vie de "U" et d'Alice. Il est question d'enfoncer des pieux dans des poitrines, de fêter son anniversaire sur la Lune, de gémir entre les bras d'un chauffeur de 4x4 sous les tropiques… et de bien d'autres choses. Là encore, il y a matière à bâtir le scénario d'une série de 23 épisodes… Dans le texte central "La Pythie", on hésite entre don de prédiction et supercherie. Les deux femmes du texte, Émilie et Marcia, font de Jeff, le personnage masculin, un témoin presque transparent de leur lutte à mort. « Être pythie, c'est une maladie. – Mais ça rapporte. – Un peu. Suffisamment ». Sur ce style de dialogues lapidaires se bâtit tout un monde.

On ne doute pas – ou presque pas – que ces textes relèvent de l'autobiographie fictive. Quelle élégance dans le propos ! Et quelle sensualité dans l'évocation des corps féminins, petits seins, cheveux ruisselants puis coupés – sacrifiés – au détour d'une phrase. C'est le rythme de la vie qui bat dans ces pages, rythme effréné, car tout va trop vite, toujours. La phrase d'Ughetto est tranchée, basée sur le fait brut, et soudain, c'est la surprise.

Étrange sensation de lectrice que de découvrir un auteur par un recueil posthume. Quelle verve, quelle vie, dans ces textes !


*

Extrait :
« Imaginez-vous mort depuis deux ou trois ans ou même davantage, enseveli sous des pierres de taille et des orties, et que l'infernal fracas de tractopelles, de bulldozers trop proches vous ressuscite en sursaut ! Imaginez la chamade brutale de votre cœur tout à coup réactivé ! Si, catéchisé, vous pensez d'abord au tintamarre du jugement dernier, vous êtes vite détrompés ».

Christine Bini 
(27/11/13)    
Lire d'autres articles de Christine Bini sur http://christinebini.blogspot.fr/



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Pour mémoire








Rhubarbe

(Octobre 2013)
92 pages - 10 €








Jean-Louis Ughetto
a été chef-opérateur du son pour une centaine de films avec de nombreux et prestigieux réalisateurs. Il a participé à l'aventure de la maison d'édition "La chambre d'échos". Dernières nouvelles est son septième livre.


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