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Liebman renégat mon père, juif et pro-palestinien
Riton Liebman est aussi le fils de Marcel Liebman, le petit-fils de Lazare Liebman. Son oncle, Henri Liebman, est mort en déportation. Il a un fils, Félix, qui a 15 ans et qui écrit du rap. Riton Liebman est tout cela à la fois et ce sont toutes ces facettes qu'il raconte sur la scène de la Maison des Métallos, uniquement accompagné d'un musicien, Philippe Orivel. Le rôle de celui-ci est primordial tant la musique est constitutive de Riton, de sa famille et aide à revivre les différentes époques et moments évoqués. En 1h15 de spectacle, on décrira donc la pochette du vinyle III de Led Zeppelin, on y fredonnera l'appel du Komintern et on évoquera même Lio et Plastic Bertrand, stars de la Belgique des années 80. Mais c'est surtout au son de Mozart et des Clash que l'auteur égrène ses souvenirs tendres amers. Toute la famille Liebman est convoquée afin de réfléchir sur la question de l'héritage et de la transmission. Quelle part de nos parents nous constitue ? Comment se construit-on au sein d'une famille et particulièrement quand on grandit dans l'ombre de son père, universitaire marxiste, juif et pro-palestinien, auteur de nombreux essais ? Marcel Liebman fut en effet une figure importante de la gauche bruxelloise des années 70, un homme à qui ses engagements ont valu des menaces de mort et une protection policière. Être qualifié de « juif renégat » par certains ne l'a pourtant pas empêché d'affirmer toute sa vie que « le peuple palestinien a été spolié de sa terre et continue de l'être par le peuple israélien. » Que « le fait d'avoir vécu la Shoah ne justifie pas l'occupation des terres... » Pour exister face à ce père parfois trop encombrant Riton explique qu'il a dû prendre de la distance. Ce furent les années 80, les sorties, les filles, la drogue. Puis son père est mort en 86 et, alors qu'un hymne révolutionnaire est entonné à son enterrement, Riton se désole : « Ce n'était pas un militant que j'enterrais ; c'était mon père ! » C'est aujourd'hui au père et à l'intellectuel engagé qu'il rend donc hommage, à parts égales, avec ce spectacle envisagé comme une « confession politico-familiale » dans lequel il raconte l'enfance de Marcel dans une famille très pratiquante, sa vie dans la Belgique occupée et la rencontre avec Adeline, dont la famille est marquée à gauche, qui deviendra la mère de ses enfants. Il livre des souvenirs intimes de leur relation père-fils mais honore également l'intellectuel et l'homme public en lui laissant la parole à travers la projection d'extraits de ses interventions. Ainsi c'est dans toute sa complexité d'homme que Riton raconte Marcel, avec ses yeux de fils devenu père, d'enfant qui a grandi, d'homme de gauche qui a connu le militantisme des années 70. Aujourd'hui Riton a presque l'âge de son père quand il est mort. Il ne parle pas six langues, il n'a pas écrit dix-neuf livres mais, avec ce spectacle plein d'humour et de tendresse, il prouve qu'il a reçu l'humanité en héritage et qu'il s'est doté d'une voix originale et de beaucoup de talent. Amandine Farges Le spectacle a été joué à la Maison des Métallos du 30 mai au 3 juinmais il part en tournée pour la saison 2017-2018 TOURNÉE 2017-2018 |
Sommaire Une loge pour le strapontin Conception, texte et interprétation Henri Liebman Conception et collaboration à la mise en scène David Murgia Composition et interprétation musicale Philippe Orivel Assistanat à la mise en scène Yannick Duret Aurélie Alessandroni Scénographie Sarah de Battice Création lumières et vidéo Gwenaël Laroche Régie lumières et vidéo Arnaud Bogard Régie son Benoît Pelé Images d’archives Sonuma Documentaire Hugues Le Paige Production |
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