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Music-Hall de Jean-Luc LAGARCE Belle idée que de distribuer cinq jeunes comédiens, étudiants de 4ème année de l’École Auvray-Nauroy, dans les trois rôles, La Fille et les deux Boys, que compte la pièce de Jean-Luc Lagarce Music-Hall. Dans ce texte écrit en 1988 et depuis largement représenté, l’auteur montre l'envers du décor d'un récital que joue depuis des années une chanteuse, aujourd'hui sur le retour (a-t-elle d'ailleurs vraiment connu un jour le succès ?). On assiste à ses petites humiliations et ses grandes détresses mais aussi, et peut-être surtout, au désir, chaque jour renouvelé de monter sur une scène, si mal foutue soit-elle. Muriel Vernet choisit de nous faire entrer dans la salle alors que les comédiens sont déjà en place, les uns chantonnant, les autres jouant d’un piano imaginaire, tous plongés dans la concentration qui précède la représentation, ce qui nous donne l’impression d’avoir pénétré dans les coulisses du spectacle à venir. La situation rejoint ainsi le texte de Lagarce qui explique que « parfois encore, au fond de la scène, il n'y avait aucune porte, et dans ce cas extrême [...] il avait été prévu que la Fille, mais ce devait être exceptionnel, la Fille serait déjà là ». À la différence qu’ici ce n’est pas une seule chanteuse de music-hall que nous découvrons mais deux comédiennes et un comédien qui se partagent le rôle de La Fille et mettent ainsi en lumière ses différentes facettes. En effet cette Fille, un peu fêlée, a des moments de lucidité. Elle a aussi parfois la sagesse ou peut-être la résignation des anciens. Elle est forte et fragile à la fois, tragique et drôle. Elle n’appartient à aucun genre et devient pur désir de théâtre, elle qui en arrive à jouer « l’œil fixé sur ce trou où [elle] sait qu'il n'y a personne ». Entourée de ses indispensables boys, elle raconte la vie d'artiste, la tournée dans les « salles des fêtes de la banlieue grise », les conditions de jeu et d'accueil difficiles : la scène sans porte, l'absence de magnétophone, le tabouret transformé en chaise… Et puis sa rencontre avec les Boys, ceux-là et ceux d'avant, interchangeables tant qu'ils sont deux, encadrent la Fille et peuvent pousser la chansonnette quand le magnétophone manque. Et ils la poussent ici de façon remarquable puisque la mise en scène de Muriel Vernet fait de la pièce un vrai cabaret où chaque comédien s'empare du micro et de la scène pour interpréter en play-back, à la manière des transformistes, qui La Bohème en espagnol, qui La chanson de Lola de Demy... Amandine Farges (17/07/17) |
Sommaire Une loge pour le strapontin Théâtre de Belleville 94 rue du Fg du Temple 75011 Paris Réservations : 01 48 06 72 34 Texte Avec Collaboration artistique Création lumière Production Avec la collaboration |
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