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dans vos bras par Les Chiens de Navarre
Convoquant un De Gaulle algérien (de 2 mètres 46 !), une Marie-Antoinette lubrique ou un Obélix mélancolique, ils font et défont les symboles de cette fameuse identité nationale qui cristallise tant les débats et passions. Le décor est planté dès le premier tableau où une veuve pleure, au son de la Marseillaise, sur un cercueil recouvert du drapeau français. L'image est si frappante qu'on ne peut que se demander si ce n'est pas sur une certaine idée de la France que pleure cette femme, sur des symboles rigides qu'elle voudrait immuables et qui, malheureusement pour elle, ne le sont pas. En effet les notes de la Marseillaise jouées au début n'étaient que celles de l'introduction du fameux All you need is love des Beatles. Tout évolue, cet hymne comme le reste. Et c'est sur les évolutions possibles que l'on se dispute, que l'on en vient aux mains ici, que l'on argumente vivement là, voire que l'on explose, comme dans ce pique-nique entre amis qui dégénère rapidement autour des sujets qui fâchent : la politique (bien sûr), l'islam (évidemment), le mariage pour tous (inévitable). Les Chiens de Navarre sont cependant assez astucieux pour ne pas jouer sur un seul registre et toujours introduire un contrepoint ajoutant ainsi à des scènes au départ relativement simples une dimension absurde. Par exemple dans ce passage où notre attention va dans un premier temps entièrement au déjeuner sur l'herbe où se croisent à un rythme étourdissant petites opinions et grands clichés pour peu à peu se déporter vers le fond du plateau où un homme nu badigeonne son sexe de crème solaire. En partie renouvelée (deux de ses membres historiques ne figurent pas à la distribution) la compagnie a donc gardé toute sa force et son impertinence. On retrouve en effet dans ce spectacle ce qui a fait le succès des Chiens de Navarre, à la fois leur outrance mais également la relation forte qu'ils entretiennent avec le public, ici largement sollicité. En effet, aux Bouffes du Nord, nous sommes pris à partie dès le préambule puisque Pascal Sangla nous accueille en se moquant de ce public de bobos, venu s'encanailler à La Chapelle, et qui a traversé les camps de réfugiés pour aller voir une pièce de théâtre. Ce public à qui on lance une corde pour venir au secours d'une embarcation de migrants et qui hésite longuement à intervenir. À travers toutes les saynètes c'est donc notre propre bien-pensance qui est épinglée pour en montrer les dessous les moins glorieux. Mais si les Chiens de Navarre s'attachent à mettre en lumière les aspects les plus rances de notre société ils laissent tout de même filtrer, avant que le spectacle ne se termine, une certaine tendresse pour cet esprit français. Le drapeau du début réapparaît en effet entre les mains de cosmonautes qui n'arrivent pas à le planter sur le nouveau territoire conquis, mettant ainsi à l'honneur, « tel DSK ou Henri Leconte » le fameux panache français ! Amandine Farges Le spectacle a été joué au Théâtre des Bouffes du Nord du 7 novembre au 2 décembre 2017mais il part en tournée pour la saison 2017-2018 TOURNÉE 2017-2018 |
Sommaire Une loge pour le strapontin Mise en scène Jean-Christophe Meurisse Avec Collaboration artistique Régie Générale création et régie son Régie son Régie plateau et construction Décors Création costumes Les Chiens de Navarre |
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