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L'Avare
Si l’on procède à l’analyse de la pièce, on découvre un environnement rural où règne ce fesse-mathieu d’Harpagon, campé par un Emmanuel Dechartre alliant, tout en finesse et subtilité, la bonne humeur et le méprisable. Si Harpagon, rongé par la décrépitude, est vieillissant, il n’en annonce pas moins à sa progéniture son projet de mariage avec une certaine Marianne. Cléante son fils aura par conséquent une jeune belle-mère sauf qu’il est lui-même amoureux de ladite Marianne. Quant à Élise, sa fille, elle devra épouser le seigneur Anselme, même si elle aime un certain Valère à la recherche de ses parents. Il y a une tension psychologique très forte tout au long de la pièce avec un Harpagon qui rogne sur la nourriture des domestiques, l’avoine des chevaux, le moindre « bout de chandelle. » Les sentiments de l’amour sont balayés par la pression de l’argent. Le ladre, manipulateur cruel, ment comme il respire et pressure avec rigueur son petit monde. Ça se gâte avec son fils. Les deux hommes s’opposent, au sujet de Marianne, en des scènes violentes, jusqu’à la disparition de sa chère cassette aux dix mille écus. Harpagon est fou de douleur et le dénouement final est captivant. Frédérique Lazarini a mise en scène une dramaturgie souple et joyeuse. On est dans un jardin jonché de feuilles mortes où toute l’action se déroule. Beaucoup de mouvement en des décors bucoliques avec des palissages de guingois, des bancs rustiques dans la cage nue du théâtre. L’orage gronde avec le vent et la pluie ou bien le soleil luit selon la dramaturgie des situations. Mais le succès de cette nouvelle couleur de la comédie de Molière tient pour beaucoup dans la prestation d’un Emmanuel Dechartre qui, tantôt saupoudre le piment avec humour, tantôt saupoudre l’innocence avec un fond d’humanité enkystée dans les lointains intérieurs d’Harpagon dont l’âme est savamment explorée. Si L’Avare, jouée pour la première fois le 9 septembre 1668 au Palais-Royal, est loin d’être un succès, cette pièce, avec son personnage emblématique, est devenue au fil des siècles une des comédies les plus célèbres du monde. Cette chronique n’a nullement l’intention d’expliquer, simplement de souligner que l’univers d’Harpagon est tout à fait d’actualité. Si l’argent règne aujourd’hui avec des politesses hypocrites, il est devenu un métier. On spécule sans avarice, et les tréteaux de l’Artistic Théâtre ne font que refléter « en live » la physionomie de notre réalité où certains riches n’ont jamais été aussi riches. Bravo les comédiens ! Bravo les artistes pour votre jeu et votre enthousiasme, la pièce, magnifiquement jouée, est une réussite. Patrick Ottaviani |
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