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Harold Pinter

Le Monte-Plats


Dans Le Monte-Plats Harold Pinter met en scène Ben et Gus, deux tueurs à gages qui attendent, dans un sous-sol, de savoir qui ils devront tuer dans le cadre de cette nouvelle mission.
L’attente est longue, la pression palpable, la promiscuité source d’énervement. Alors, pour passer le temps, et éviter que Gus ne se pose trop de questions, les malfrats se lisent des faits divers du seul journal qui traîne et tentent inlassablement de faire un thé, quand tout à coup le monte-plats se déclenche. Véritable troisième personnage de la pièce, il apporte du « dessus », (du monde réel, de la société…) des commandes toujours plus extravagantes auxquelles, comble de l’absurde, nos deux tueurs à gages s’efforcent de répondre au mieux, tout d'abord en sacrifiant leurs rares provisions puis en s’excusant des produits manquants.

C’est une mise en scène très particulière qui se joue au Lucernaire jusqu'au 20 mai. Étienne Launay propose en effet deux couples de tueurs qui se partagent le plateau et font de la pièce une sorte de ballet parfaitement réglé. Dès le premier tableau une musique jazz très rythmée souligne les mouvements des quatre comédiens qui garderont cette énergie tout au long du spectacle. Saluons d’ailleurs la performance de Benjamin Kühn, Bob Levasseur, Simon Larvaron et Mathias Minne qui forment d’intéressants binômes en offrant, chacun à leur façon, des nuances particulières à leur personnage. Cette "astuce" de mise en scène fonctionne ainsi parfaitement et renforce le sentiment d'absurde de la pièce en créant la distanciation chère à Bertolt Brecht.

Grâce à cet accroc dans l'illusion théâtrale, nous ne pouvons que remettre en cause la "légitimité" de ces ordres venus "d'en haut" et auxquels tout un chacun ne peut s'empêcher d’obéir sans les questionner. C'est ici une critique de la société qui apparaît de façon évidente dans cette lecture du Monte-plats dûe au choix singulier de mise en scène qui n'oublie cependant pas que l'humour – noir, très noir – est l'une des marques de fabrique de Pinter. On rit donc beaucoup à l'écoute des dialogues et questionnements de Ben et Gus... jusqu'au coup de feu final.

Amandine Farges 
(02/05/18)    



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Théâtre du Lucernaire


53, rue N.-D. des Champs
75006 PARIS

Location :
01 45 44 57 34



Traduction
Mitch Hooper
Anatole de Bodinat
 et
Alexis Victor

Mise en scène
Etienne Launay

Assisté par
Pierre-Louis Laugérias

Avec
Benjamin Kühn
Simon Larvaron
Bob Levasseur
Mathias Minne

Créateur lumière
Kevin Hermen

Compositeur
Adrian Edeline

Production
Coq Héron productions
Cie La boîte aux lettres