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Michel Fau

Névrotik-Hôtel



Au Névrotik-Hôtel est descendue Lady Margaret, bourgeoise excentrique aux allures de Castafiore. Aussitôt arrivée, la diva tyrannise le personnel de cet hôtel rose bonbon et s’amourache du groom Antoine, qu’elle préfèrera appeler son « Boy ». C’est à ce dernier que celle qui clame haut et fort désirer être "aimée pour son argent" va proposer un contrat. Ce qui pourrait être digne du pire mélo se transforme en récital drôle et grinçant quand c'est Michel Fau qui le prend en main. Un sourcil levé, une intonation sur la fin d'un mot, et cette miss Margaret, Margarine pour les intimes, se transforme en personnage flamboyant...

Chacun des jeux de rôles figurant dans le contrat qui lie Boy à son immorale et intransigeante patronne est aussi convenu qu'inévitable. De l’incontournable marin au chevalier en cotte de mailles jusqu’à une chaotique prise d'otage, chaque tableau s’accompagne d’une chanson pseudo-réaliste (toutes inédites et pour la plupart écrites par Michel Rivgauche et composées par Jean-Pierre Stora) dans lesquelles le duo Fau-Kahan donne toute sa mesure. Physiquement déjà ces deux-là se complètent parfaitement et offrent de merveilleuses images : le bel hidalgo râblé faisant danser la femme mûre, replète et autoritaire. C'est en effet ici tout à la fois une pièce de théâtre et un spectacle de music-hall que nous offre l’équipe du Névrotik-Hôtel qui compte trois merveilleux musiciens : Mathieu El Fassi au piano, Laurent Derache à l’accordéon et Lionel Allemand au violoncelle.

Nous retrouvons avec bonheur le personnage auquel nous a habitués Michel Fau avec son Récital emphatique et L'Impardonnable Revue pathétique et dégradante de Monsieur Fau. Cette maîtresse femme, aussi détestable qu’éblouissante, est ici plongée dans un décor et une intrigue de carton-pâte, dans une tragédie kitch délicieusement imaginée par Christian Siméon (qui n’est pas sans rappeler l’histoire de son Cabaret des hommes perdus). Et, comble de talent, dans ce monde où tout n'est qu'artifice, émergent des émotions véritables et nous sommes parfois touchés par cette lady prête à tout pour revivre, rejouer l'amour, son grand amour perdu il y a tant d’années. Michel Fau continue ici sa recherche autour du travestissement et de la « vérité de l’artifice » et, par son utilisation des clichés, fait affleurer des sentiments, exacerbés mais bien réels. Dans ce monde qu’il construit, le comique flirte toujours avec le désespoir et la vie ne vaut d’être vécue que si elle est romanesque, sublimée. C’est ainsi un véritable éloge de la démesure que nous offre Michel Fau avec ce Névrotik-Hôtel, spectacled’une séduction folle !

Amandine Farges 
(15/05/18)    



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Une loge
pour le strapontin













Bouffes du Nord


37 (bis), bd de La Chapelle
75010 Paris

Location :
01 46 07 34 50



Mise en scène 
Michel Fau

Avec 
Michel Fau 
et 
Antoine Kahan

Trame et dialogues 
Christian Siméon

Musiques
Jean-Pierre Stora

Piano 
Mathieu El Fassi

Accordéon 
Laurent Derache

Violoncelle
Lionel Allemand

Décor 
Emmanuel Charles

Costumes 
David Belugou