Retour à l'accueil du site





Richard Brinsley SHERIDAN

Les rivaux





L’amour ou plutôt la quête amoureuse est au cœur de cette comédie aux accents marivaudiens « à l’anglaise », écrite en 1774 avec brio, par Richard Brinsley Sheridan, un dramaturge britannique de vingt-quatre ans… Animée par le souci de l’inédit et du pittoresque, Anne-Marie Lazarini la met en scène d’une très belle façon à l’Artistic Théâtre.

L’histoire est principalement celle de la jeune et jolie Julia. Amoureuse, bercée par les ravissements de son cœur, elle se repose à Bath, une douce ville balnéaire, où il fait bon se laisser aller aux amusements mondains. Elle jubile, enchantée par l’amour qu’elle porte à Beverley, un brave soldat sans le sou. Pour la mériter, celui-ci doit l’enlever au nom d’une stratégie alambiquée, dont les deux sont convenus. En réalité, Beverley est le capitaine Jack Absolute qui a décidé de masquer son identité afin de mieux conquérir sa belle. Sauf qu’à son insu, Beverley n’est autre que le choix dévolu pour elle par sa tante anglaise Mrs Malaprop qui a décidé avec le père de Jack (Sir Anthony Absolute) du destin amoureux de leurs rejetons.
On est vite emballé par la cocasserie des situations. Les ressorts de la comédie sont en place et nous offrent un spectacle teinté d’humour où les imbroglios génèrent des situations imprévisibles. Gravitent quelques adjuvants truculents, amoureux de Julia, et les rivalités se font de plus en plus ressentir avec des amorces de duel. Les conflits sont confus, contradictoires. On se cherche.
Les personnages sont superbes. Comme la tante anglaise de Lydia, Mrs. Malaprop qui écorche la langue dans son parler et déclenche l’humour. Comme les rusés valets Fag et Lucy, astucieux, espiègles vis-à-vis de leurs maîtres, à l’affût de la moindre situation à exploiter. Comme Julia, la cousine de Lydia, sauvée de la noyade par Faulkland, l’ami de Jack Absolute.

L’univers de Sheridan où filtre une analyse subtile des sentiments humains est à la fois piquant et bon enfant. Les comédiens s’y amusent et prennent plaisir.
Et puis, il ne faut pas oublier de souligner le décor amovible judicieusement élaboré par François Cabanat : trois plans de rideaux, ornementés de trompe-l’œil aux accents de la ville de Bath. Suspendus à des câbles les comédiens les tirent d’un petit coup sec, à leur entrée en scène.
Voilà donc une comédie truculente aux facéties cocasses, avec de fortes tonalités autobiographiques. Richard Brinsley Sheridan écrivit Les Rivaux en quelques semaines, d’une écriture vive et spontanée. Son souhait était probablement de mettre à distance ses propres mésaventures amoureuses à l’égard d’une célèbre chanteuse qu’il avait fini par enlever.
La pièce n’a pas été jouée beaucoup. Avec un regard ironique, Anne-Marie Lazarini la ressort de l’oubli et la remet au goût du jour. On y badine avec un marivaudage à l’anglaise et un humour, le « wit », qui ensemence de bonheur une comédie fluide et simple, jamais engoncée.
Après bien des rebondissements, les peines de cœur finissent par s’arranger.
Un spectacle où rayonnent l’humour et la légèreté.

Patrick Ottaviani 
(25/03/19)    



Retour
Sommaire
Une loge
pour le strapontin












Artistic Théätre

45 bis rue Richard-Lenoir
75011 Paris

Métro : Voltaire

Réservation
01 43 56 38 32



Traduction et adaptation
Sylviane Bernard Gresh
et Frédérique Lazarini

Mise en scène
Anne-Marie Lazarini

Assistée par
Cyril Givort

Avec
Alix Bénézech
Cédric Colas
Charlotte Durand-Raucher
Bernard Malaterre
Philippe Lebas
Thomas Le Douarec
Willy Maupetit
Sylvie Pascaud
Catherine Salviat
Marc Schapira

Décor et lumières
François Cabanat

Costumes
Dominique Bourde