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Jean-Claude GRUMBERG


Votre maman

Jean-Claude Grumberg, né en 1939, a été profondément marqué par la déportation de son père et de ses grands-parents. Il a écrit des dizaines de pièces très fortes et très émouvantes et Votre maman montre une fois de plus tout le talent de l’auteur. Tout le monde le sait et la salle était pleine. Il faut dire qu’avec Colette Louvois, Marc F. Duret et Jean-Paul Comart dans les rôles principaux, c’est l’assurance garantie d’un grand moment de théâtre.
« Votre maman » c’est la formule habituelle quand on s’adresse aux enfants d’une femme âgée hospitalisée. « Votre maman ne veut pas se lever ! »
La maman, ici, ne supporte plus l’atmosphère de l’Ehpad où elle séjourne.
Elle s’est assise dans un fauteuil roulant et ne veut plus le quitter.
Le directeur de l’établissement espère que le fils arrivera à convaincre sa mère de rendre le fauteuil qui est prévu pour une autre personne. Le dialogue s’instaure entre le directeur et le fils, un peu à la manière des Diablogues de Dubillard, vifs, avec un effet répétitif irrésistible.

La mère veut « être roulée », elle est confuse et ne reconnaît pas toujours son fils. Les mots sont utilisés avec humour :
« - Tu me reconnais ?
– C’est ton père qui t’a reconnu. »

La mère a du mal avec le réel et veut revoir sa propre mère.
Peu à peu, des souvenirs remontent du passé : l’exode, les gendarmes, les chiens, les trains… et l’horreur que l’on imagine.

L’humour et l’émotion se côtoient pour montrer la douleur de cette femme confrontée aux autres résidents et aux insuffisances des Ehpad étranglés par le manque de moyens, et confrontée aussi aux souvenirs de l’enfance qui lui font revivre des moments terribles.
Les dialogues frôlent l’absurde pour dénoncer les dysfonctionnements du monde.

La mise en scène très réussie utilise de grands rideaux blancs qui permettent des ombres chinoises et des moments très poétiques entre le fils et sa mère qui vivent une relation forte avant et après la séparation définitive.  
Des coups de sifflets, des aboiements de chiens dans le parc ou à proximité de l’Ehpad rappellent ceux qui retentissaient pendant la guerre et dans les camps de concentration.

La pièce met bien en valeur la difficulté de maintenir le lien avec un parent quand la mémoire s’effiloche mais le fils y parvient malgré tout.
La mémoire, individuelle et collective, est un bien précieux, à protéger par tous les moyens.
Cette pièce joue ce rôle à merveille. Un grand texte, magnifiquement interprété, finement mis en scène dans un décor sobre et poétique, tout est réuni pour satisfaire le public. Un spectacle à ne pas manquer !

Brigitte Aubonnet 
(01/10/22)    



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Une loge
pour le strapontin













Studio Hébertot

78 bis Bd des Batignolles
75017 PARIS

Jusqu'au 21 décembre




Une pièce de
Jean-Claude Grumberg


Mise en scène
Wally Valerina Bajeux


Avec
Colette Louvois
Marc F. Duret
Jean-Paul Comart

et, en alternance,
Titouan Laporte,
Morgan Costa Rouchy,
Mathis Duret




Actes Sud

64 pages - 13 €