C’est une extraordinaire prestation de Claire Nebout qui incarne Frida Kahlo et déploie le texte de Didier Goupil avec brio dans une mise en scène de Karelle Prugnaud où se mêlent création musicale et projections vidéo.

Le spectacle commence par un numéro critique sur le consumérisme actuel de l’image de Frida Kahlo.
Frida lance ensuite un cri de désespoir en insultant Diego Rivera, son mari peintre mexicain très reconnu, qui vient de la quitter. Elle boit beaucoup pour oublier son malheur et sa souffrance morale comme physique. En effet, son corps fracturé et ses douleurs jalonnent le spectacle pour montrer le parcours terrible de cette femme qui a passé une bonne partie de sa vie clouée sur un lit, atteinte par la poliomyélite à l'âge de six ans puis victime d'un grave accident de bus. Malgré cela, elle avait une rage de vivre, de créer, de trouver son indépendance financière et artistique.

La souffrance est mise en scène à différents moments avec des vidéos de squelette brisé, avec les pointes de métal sur lesquels la comédienne pose les pieds. Nous sommes au cœur de sa souffrance mais aussi des moments de joie et d’espoir. La douleur physique est palpable. On sent le craquement des vertèbres et du bassin, puis, on assiste à la renaissance et l'émancipation dans l'art. Viva la vida !

C’est un spectacle où la violence d’une femme pour exister comme femme et comme artiste nous embarque dans un souffle très fort émotionnellement. Nous sommes aspirés progressivement dans l'intimité de Frida Kahlo devenue peintre par accident, elle s’ennuyait sur son lit d’hôpital. Elle nous apparaît confidentielle et quasi-nue, dans ses peines et ses fractures. C’est une pièce authentique sur sa vie modelée par ses blessures du corps et de l'âme, loin des images de produits dérivés de ses tableaux.

La mise en scène multiple très dynamique est riche en inventivité et donne envie de prolonger ce moment unique avec Frida Kahlo.
Le spectacle est en tournée, c’est un grand moment de théâtre à ne pas manquer !

Brigitte Aubonnet & Anna Malá 
(20/01/23)