La pièce de Marivaux, créée en 1723, est jouée ici par une troupe qui l’incarne avec modernité et enthousiasme. C’est un moment rafraichissant et respectueux du texte.

Silvia affirme avec force qu’elle aime Arlequin et que, même si le Prince l’aime au point de l’avoir fait enlever et de la retenir dans son palais, c’est elle qui décide. Elle refuse le choix du seigneur et toutes les richesses qu’il lui offre. Elle reste amoureuse d’Arlequin.

Le Prince apparait un peu nigaud dans ses mouvements et ses déplacements. Il exprime sa tristesse et son amour avec beaucoup d’emphase. Le public éclate de rire à chacune de ses entrées.

Silvia obtient le droit de voir Arlequin et leurs retrouvailles sont aussi une scène d’anthologie, excessive et provocante, sous les yeux d’une Flaminia effarée, elle qui déploie avec brio toutes les stratégies pour séduire Arlequin et le détourner de Silvia.

 L’interprétation par le comédien Maxence Picard du rôle de Lisette, la sœur de Flaminia, est aussi pleine d’humour et d’inventivité.

La dénonciation des différences sociales – notamment dans les échanges entre Arlequin et le Prince mais aussi avec le serviteur, Trivelin – est un thème important de cette pièce de même que la condition des femmes qui sont largement mises à l’honneur ici.

Silvia est à la recherche de son plaisir et elle l’affirme sans relâche. Le Prince ne peut pas l’obliger à l’aimer et s’efforce d’obtenir son consentement. Arlequin sait être compréhensif. Voilà des propos bien modernes.

La mise en scène dynamique, drôle et originale, modernise l’ensemble tout en conservant les codes et les costumes du dix-huitième siècle. Un très agréable moment de théâtre qui montre un Marivaux toujours vivant et d’actualité.