1521. L’empereur Charles Quint (21 ans) et le théologien Martin Luther (38 ans) se retrouvent secrètement une nuit pour échanger et tenter de se convaincre mutuellement à la veille d’un jugement au cours duquel on va demander à Martin Luther, pour éviter la peine de mort, de renier ses écrits attaquant la papauté et notamment son enrichissement par la vente des indulgences

Cette confrontation est passionnante car les deux hommes savent débattre et peuvent être violents. Toutefois, malgré des points de vue opposés, ils ressentent un certain respect l’un pour l’autre.

Pour Martin Luther, ce jeune empereur suscite de l’espoir mais il refuse néanmoins de se rétracter tant il est convaincu du bien-fondé de ses idées et conforté par l’accueil enthousiaste qu’elles reçoivent dans les pays du nord de l’Europe.  

Charles Quint veut avant tout protéger l’unité du Saint-Empire romain germanique et, dans ce cadre, son lien avec le pape et la religion chrétienne est essentiel alors que pour Martin Luther l’État doit être indépendant du pouvoir religieux.

La mise en scène contemporaine sobre avec des acteurs en costumes d’aujourd’hui permet de recevoir le texte dans sa dimension politique et philosophique en écho avec de nombreuses problématiques actuelles.

L’argumentation est bien montrée. C’est passionnant de suivre ces échanges vifs et percutants alors que la discussion et l’utilisation de la dialectique sont aujourd’hui souvent réduites à leur minimum, aux petites phrases et aux coups de gueule.

Le jeu des comédiens et le travail du metteur en scène rendent bien compte de l’état d’esprit des deux protagonistes. L’expression de leurs sentiments, de leur colère, de leurs espoirs, est très bien mise en valeur et notamment dans la scène qui donne son titre à la pièce où éclate la phobie de Charles Quint envers les araignées…

Un texte fort porté par des comédiens convaincants dans une mise en scène énergique, tout est réuni pour un moment de théâtre intense.