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d'après Gustave FLAUBERT L'ultime roman de Flaubert, Bouvard et Pécuchet, ne s'offre pas facilement à l'adaptation cinématographique ou théâtrale. Il s'agit dans celui-ci de littérature pure Pire encore : de l'acte de naissance du Nouveau Roman. Pourtant Vincent Colin réussit à nous proposer ce chef-uvre sur la scène du Lucernaire avec un agrément surprenant. Aussitôt le rideau levé (ou plutôt les spots allumés) Roch-Antoine Albaladejo et Philippe Blancher (Les Bouvard et Pécuchet sur les planches) nous entraînent avec légèreté et efficacité dans la découverte de ce texte par leur jeu de scène ; un jeu proche d'un spectacle de mimes ou d'une représentation des Frères Jacques. Alors que dans l'oral nous dégustons le texte de Gustave (Flaubert bien sûr !). Nous aurions pu assister à une représentation trop verbale du roman, un gueuloir à la Flaubert, mais la mise en scène est là ! Et surtout (pour moi) la création sonore de Thierry Berthomeu, qui parvient à transcrire avec habilité les sourires et les rires que le livre de Gustave nous provoque à sa lecture. Cet habillage sonore avec ses clins d'il par petites touches provoque souvent l'hilarité du public. Berthomeu utilise pour cela le répertoire de chansons et de musiques contemporaines qui résonnent avec un timbre de futur sur cette scène de plus d'un siècle passé. Bouvard et Pécuchet, passionnés de science, de connaissance, assoiffés de savoir, ne font rien à la légère. Avant d'aborder l'expérience qui soudain les motive, ils en cherchent la matière savante dans les livres qu'ils achètent en nombre (n'oublions pas que Bouvard vient d'hériter d'une somme colossale), des livres qu'ils lisent dans la chaleur de leur demeure tout en se communiquant, à voix haute, les extraits qu'ils jugent importants pour leur quête de savoir, des extraits qui parfois se contredisent, mais qu'importe !... On ne peut qu'imaginer nos deux énergumènes plongés dans notre époque, nos deux apprentis-sorciers soudain équipés d'un accès internet et pouvant naviguer sur la toile de Google ou d'autres moteurs de recherche Ils s'évertueraient à assimiler cette masse d'informations (parfois souvent contradictoires) pour en extraire un élixir qui trop souvent tournerait au vinaigre. Écoutons ce que disait Maupassant de Bouvard et Pécuchet : deux Sisyphe modernes et bourgeois qui tentent sans cesse l'escalade de cette montagne de la science, en poussant devant eux cette pierre de la compréhension qui sans cesse retombe. Cette pierre nous la verrons tomber. La magie de cette adaptation qui se joue actuellement au Théâtre du Lucernaire résulte de son efficacité à offrir, en une heure de spectacle, la compréhension de ce roman même à ceux qui ne l'ont pas lu. Bouvard et Pécuchet est le miroir insolent qui nous renvoie à nos pauvres prétentions et à notre bêtise quotidienne Une leçon d'humilité. David Nahmias |
Sommaire Une loge pour le strapontin Théâtre du Lucernaire 53, rue N.-D. des Champs 75006 PARIS Location : 01 45 44 57 34 D'après Adaptation et Avec Lumières Création sonore |
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