Retour à l'accueil du site | ||||||||
L'anniversaire de Harold PINTER
À l'affiche du Théâtre du Vieux-Colombier, L'anniversaire,
de Harold Pinter offre aux spectateurs une partition scénique qui est
loin d'être ordinaire. Peter confie à Meg "Deux hommes sont venus me voir sur la plage,
hier soir." Loueur de chaises, il a rencontré McCann (interprété
par Nâzim Boudjenah) et Golberg (interprété par Eric Génovèse)
à la recherche d'une chambre. Il ajoute "ils veulent savoir si
on peut les loger ici, deux ou trois nuits." Une fois dans la pension, ils organisent l'anniversaire de celui-ci en compagnie
de Meg. Meg qui, à cette occasion, offre à son pensionnaire un
absurde tambour d'enfant sensé compenser la perte de son piano. Il n'empêche ! McCann apporte des bouteilles de scotch ; la fièvre monte. Et, point d'orgue de l'évènement les six jouent à colin-maillard. Un colin-maillard déjanté où l'on boit le scotch au goulot jusqu'à ce que l'électricité de la pension de famille disjoncte dès lors, la comédie de Harold Pinter prend l'allure d'une farce terrifiante. En s'entourant de comédiens qui, chacun dans sa partie, endossent magnifiquement les rôles qui leur sont dévolus, Claude Mouriéras signe l'orchestration d'un spectacle parfaitement maîtrisé. Les dialogues des personnages sont souvent délirants. A une question posée, l'interpellé reste silencieux. Ou sa réponse fuse et tombe à plat. Les dérapages langagiers abondent. Les sourires paraissent des menaces. A mesure que se déroule la pièce, s'immisce un univers à la fois comique et effrayant. Et l'on manque d'indices pour donner un sens à des personnages qui semblent délirer. Golberg ne s'exprime qu'en hurlant. Les mots deviennent des armes. Comme le disait si bien Harold Pinter, "il n'y a jamais en art dramatique, une et une seule vérité à découvrir. Il y en a beaucoup. Ces vérités se défient l'une à l'autre, se reflètent, s'ignorent, se narguent, sont aveugles l'une de l'autre." Et si l'on suit sa pensée. C'est le triomphe de "l'inexpliqué et de l'inexplicable", thème récurent de la pièce. L'anniversaire est une comédie proche de l'absurde. Mais l'absurde paraît presque rassurant parce que l'on en connaît les filières. Là, non, à travers des dialogues banals, on ne débouche que sur d'impitoyables affrontements. On ne sait d'où ils viennent. Ni pourquoi. Alors, il faut aller à la rencontre du grand dramaturge anglais. Jouée
depuis plus de 50 ans dans le monde entier, et pour la première fois
à la Comédie Française, sa pièce est tout à
fait dans l'esprit de Jacques Copeau fondateur du Théâtre du Vieux-Colombier.
Patrick Ottaviani |
Sommaire Une loge pour le strapontin Théâtre du Vieux-Colombier 21, rue du Vieux-Colombier 75006 Paris Traduction Éric Kahane Mise en scène Claude Mouriéras avec Scénographie Costumes Son |
||||||