Quelle folle soirée que celle de ce 31 octobre au théâtre
de la Gaîté-Montparnasse !
Train fantôme "spécial Halloween" est encore à
quai. Gonthier de chez Gonthier un inquiétant bonimenteur affublé
d'une "queue-de-pie" harangue les spectateurs qui prennent
place dans la salle. En compagnie de saltimbanques, au grimage épouvantable,
il instille la crainte et l'effroi dans le public en attendant l'épouvante.
Au moment où le rideau se lève, l'appréhension a déjà
gagné le public.
Alors l'histoire de ce train fantôme ? Est-elle celle du comte Dracula
qui achète un théâtre délabré ancré
sur un cimetière où l'on va réveiller les morts ? Ou bien
celle du naïf clerc de notaire Jonathan Harcker, s'en allant rejoindre
en carrosse le château dudit Dracula niché en haut d'un piton rocheux
de la Transylvanie
Ou encore celle d'une princesse qui saute du donjon
de son château ?
A-t-on après tout besoin d'une histoire ? Tant l'élaboration de
la pièce tient du théâtre de l'imaginaire avec pour axe
thématique celui des fantômes, de l'exorcisme, du vampirisme et
de la fascination pour les vieilles tombes.
Mais on est parti ! Le train fantôme est déjà calé
sur les rails d'une frénésie de gags loufoques chargés
de nous faire peur sans oublier de nous faire rire.
Après le succès des 39 marches, Gérald Sibleyras
et Éric Métayer remettent le couvert avec les mêmes artifices.
Une sarabande de turbulents saltimbanques Andréa Bescond (superbe
dans son crêpage de chignon avec elle-même), Jean-Philippe Bêche,
Dorel Brouzeng-Lacoustille, Christophe Laubion et Yamin Dib multiplient
les effets d'épouvante.
Les décors et accessoires de Nils Zachariasen sont à l'unisson
de la loufoquerie ambiante : perruques, marionnettes, toile géante symbolisant
la mer, donjon bricolé, cordages divers, cimetière illuminé
d'effets spéciaux...
Et puis, spécial Halloween oblige, les élèves du cours
Florent en embuscade dans la salle animent les frayeurs.
Sans oublier le passage inopiné de l'orchestre Météor avec
ses cuivres.
Que de délire !
Scène et salle sont étrangement liées, durant le temps
du spectacle, à bord de ce train fantôme où s'agite une
équipe de fous furieux !
Et comme le dit Éric Métayer : "J'ai toujours été
fasciné par toutes les possibilités offertes au théâtre
Avec Les 39 marches, on avait exploré avec Gérald (Sibleyras)
le théâtre d'ombre et travaillé avec les marionnettes, avec
Train fantôme je voulais rendre la 3D réelle et que ça
se passe vraiment dans la salle."
Hilarité et horreur sont superbement au rendez-vous.
Patrick Ottaviani
(07/11/13)