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Paroles gelées


d'après
François Rabelais



Le rideau n'est pas encore levé qu'on vous explique les mille et une façons de se torcher.
Le ton est donné.
Le rideau se lève. On découvre un grand plateau transformé en pédiluve bordé de musiciens avec une composition d'éléments hétéroclites : des lustres suspendus qui montent et descendent, un gréement de bateau, des escabeaux piqués dans l'eau, des tables.
Le décor est posé.

Pantagruel, fils du brave géant Gargantua, voyage. Il est accompagné durant le temps du spectacle par une bande de comédiens (13 femmes et hommes) enveloppés de cirés jaunes, encapuchonnés pour le grand large.
On est parti pour une foldingue épopée initiatrice.

L'on commence par évoquer les corps. Corps de plaisir qui se goinfrent et éructent. Un phénoménal – presque infini – menu pantagruélique est proclamé. Et si un mot culinaire ou autre échappe, à tel ou telle, un personnage – genre superviseur culturel agréé – clarifie leur sens et origine, afin qu'on ne se trompe pas sur la langue rabelaisienne.
Deux héros visitent l'usine à gaz des entrailles de Gargantua, style Jonas dans le ventre de la baleine.
Pantagruel rencontre Panurge et ses moutons. Il entreprend de marier ce jeune homme efflanqué, au caractère frondeur et malicieux. Ainsi va la bande, à travers "la mer-pédiluve", d'île en île imaginaire.
Ile du vent brassée de souffles insoutenables. Ile des Andouilles où les héros se fritent à de malveillants indigènes. Les voilà qui essuient d'effroyables tempêtes. Et puis, au bout du voyage, ils font la découverte de paroles gelées, sortes de voix humaines réfrigérées qui, à température, révèlent d'ambivalentes vérités sur le monde et les êtres.

Les comédiens de la jeune troupe de Jean Bellorini, tour à tour en situation de monologue, sont irrésistibles de générosité. En un langage théâtral fleuri et déjanté, émouvant aussi, avec une démesure réglée au cordeau, ils sont investis par la dérision et le rire. Ça patauge sur le plateau, ça s'éclabousse à tout va.
Deux heures non-stop ! À donner de la voix, en chœur, perchés sur des tables ou des escabeaux. Une soprane chante a cappella entre ombre et lumière. Des abords du "plateau-pédiluve", un accompagnement musical pop-rock rythme l'aventure avec un guitariste qui distord le son, façon Hendrix, et – pourquoi pas ! – s'évertue à jouer de la guitare électrique à l'aide d'un archet.
Une grande performance d'ensemble.

Avec cette pièce, d'après François Rabelais, adaptée et mise en scène par Jean Bellorini, on est là dans un renouvellement dramatique, non pas lié par une intrigue, mais par le libre jeu d'un théâtre novateur et dérangeant.
Décors mirifiques et inventifs.
En notre époque si confuse, voilà une épopée satirique avec du charme et une exubérance bien maitrisée.

Patrick Ottaviani 
(19/03/14)    



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Une loge
pour le strapontin












Théâtre
du Rond-Point


2 bis, avenue
Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

Location :
01 44 95 98 21




d'après
François Rabelais

adaptation et
mise en scène
Jean Bellorini

adaptation
Camille de la Guillonnière

avec
Marc Bollengier
François Deblock
Patrick Delattre
Karyll Elgrichi
Samuel Glaumé
Benjamin Guillard

(en alternance avec
Teddy Melis)
Camille de la Guillonnière
Jacques Hadjaje
Gosha Kowalinska
Blanche Leleu
Clara Mayer
Geoffroy Rondeau
Hugo Sablic