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Pour l'amour de
Gérard Philipe
de Pierre Notte
Dernièrement l'actualité a été faite par la naissance
de ce bébé médicament et cette terrible question : fait-on
des enfants pour autre chose que pour eux-mêmes ? L'enfant en question avait
été conçu pour sauver sa sur atteinte d'une maladie
rare et dont seule sa venue au monde pouvait la sauver d'une mort programmée.
Dans Pour l'amour de Gérard Philipe actuellement au Théâtre
La Bruyère, il est question de cela : la famille Gérard attend
un enfant, pour la mère il n'y a aucun doute il s'appellera Philipe et
deviendra la coqueluche des femmes. Nom : Gérard ; Prénom : Philipe
! Le père a d'autres ambitions pour son enfant : il s'appellera Charles,
comme Charles II, Charles III, comme Charles De Gaule !
Au bout du compte, l'enfant naîtra avec une jolie anomalie : il n'a qu'un
doigt à chacune de ses mains. Une anomalie par laquelle finalement il se
révélera lui-même et qui sera la source de ses talents et
de son identité. C'est ainsi que les hommes vivent, poussés dans
le dos, ils trouvent toujours l'issue et la force de n'être qu'eux-mêmes,
même s'ils sont nés pour les autres.
Persuadé d'être coupable de la mort de son père survenue alors
que la petite famille tournait-manège sur la grande roue des Champs-Elysées,
l'enfant quittera le foyer familial avec ce double fardeau sur les épaules
: la nécessité de devenir quelqu'un et la mort de son père
sur la conscience
ce père qui préférait savoir son
fils mort en ayant été quelqu'un plutôt que vivant en n'étant
personne.
Avec Pour l'amour de Gérard Philipe nous retrouvons l'univers
très particulier de Pierre Notte et ses thèmes récurrents
: le départ de l'enfant prodigue, le voyage, le cirque et l'incendie
; cet incendie par lequel on renaît de ses cendres. Pour l'amour de
Gérard Philipe a d'ailleurs quelques similitudes avec la trame de
cette autre pièce jouée dernièrement au Rond-Point des
Champs-Élysées : Et l'enfant sur le loup. On y découvre
la même fuite de l'enfant vers sa destinée, le cirque comme refuge
au bout de la fuite, le triomphe de son art qui pourtant ne le guérit
pas de son mal de vivre, etc.
A chaque scène dérape la raison et nous sommes entraînés
aux limites de l'absurde ou dans les vastes contrées du loufoque. Un
véritable plaisir de scène.
Le chanteur Raphaël pour sa première apparition sur les planches
est surprenant de sincérité dans le rôle de l'enfant aux
mains handicapées mais aux doigts (juste deux !) magiques lorsqu'ils
réveillent la musique sur le bord des verres en cristal. Il joue ce rôle
avec beaucoup de retenue et de poésie. Autour de l'enfant, nous retrouvons
Emma de Caunes, Bernard Alane, Romain Apelbaum et Sophie Artur qui font cavaler
la pièce par l'énergie de leur jeu à travers scènes
d'humour, de tendresse et d'extravagances.
L'originalité de cette pièce qui nous surprend là où
nous n'attendions pas telle ou telle réplique, tel ou tel enchaînement,
est à voir sans retenue.
David Nahmias
(28/03/11)
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Sommaire
Une loge
pour le strapontin
Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère
75009 PARIS
Location :
01 48 74 76 99
Jusqu'au 9 avril
Texte
Mise en scène
Scénographie
et Musiques
Pierre NOTTE
avec
Bernard ALANE
Romain APELBAUM
Sophie ARTUR
Emma De CAUNES
RAPHAEL
Décor
Nils ZACHARIASEN
Costumes
Caroline MAREL
Lumières
Antonio de CARVALHO
Son
Guillaume DUGUET
Arrangements musicaux
Paul-Marie BARBIER
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