Vivre, écrit l’auteur d’Un homme qui dort, c’est passer d’un espace à l’autre en essayant de ne pas se cogner. Ah ! l’humour et l’intelligence des textes de Georges Perec !
Il faudrait pouvoir se souvenir de toutes les phrases de cette œuvre jouée au Théâtre Aristic Athévains, celles qui nous ont provoqué un sourire, un rire ou éveillé dans notre esprit une réflexion.
L’espace par lequel tous les autres s’ouvrent est la feuille blanche, ce rectangle de papier dans l’attente des mots de ce génial écrivain qui a cherché à découvrir comment interroger l’habituel. Mais justement, nous y sommes habitués. Nous ne l’interrogeons pas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme s’il ne véhiculait ni question ni réponse, comme s’il n’était porteur d’aucune information. Ce n’est même plus du conditionnement, c’est de l’anesthésie. Nous dormons notre vie d’un sommeil sans rêve. Mais où est-elle notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ?
Il n’est pas exclu loin de là, que ce spectacle vous donne envie de lire ou de relire certaines œuvres de Perec. Ne vous en privez pas, l’indigestion de cette littérature-là ne vient qu’après d’immesurés excès.

Anne-Marie Lazarini transpose merveilleusement ces Espèces d’Espaces sur cet autre espace qu’est la scène du théâtre Aristic Athévains et nous souhaitons à cette création une longue carrière. Une carrière de scène en scène jusqu’à l’épuisement des espaces parisiens et ceux d’au-delà.