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Les vœux
du cœur


de

Bill C. Davis


À l’heure où le mariage pour tous est le nœud complexe d’un passage sociétal, comme un prolongement de sa pièce L’affrontement, succès planétaire, Bill C. Davis dépose sur le plateau du Théâtre La Bruyère l’aventure d’un nouveau forum dramatique : la non-reconnaissance par le Vatican de l’homosexualité.

Brian (Julien Alluguette) s’occupe de chiens d’aveugles. Il rencontre Tom (Davy Sardou), vétérinaire. Coup de foudre entre les deux hommes qui souhaitent installer leur amour dans la légitimité et se marier. Catholiques fervents, ils vont trouver le père Raymond (Bruno Madinier). Celui-ci les écoute avec bienveillance, mais il y a très vite un hic, et il est de taille : si l’Église, en sa miséricorde infinie, n’est pas opposée à l’amour chaste entre deux êtres de même sexe, en revanche, de mariage, il n’est pas question. Et puis, Bill C. Davis, provocateur n’hésite pas à compliquer la situation : Irène (Julie Debazac), la sœur de Brian, est enceinte d’un homme marié et son bébé sera adopté par Tom et Brian.

Le père Raymond est dépassé. Il aime ses ouailles, mais comment faire pour les aider ? D’autant que Brian ne veut rien entendre à l’omnipotence des dogmes apostoliques qui régissent les individualités de confession catholique. Jeune étalon au cœur pur, il se cabre. Tom, traversé par le doute, s’inscrit au groupe de paroles "Courage" et cherche à comprendre le sens du mot chasteté. Ce faisant, il prend de la distance avec son amant et le couple se distend.
Irène invective son frère : Pourquoi ce besoin de reconnaissance ? Laisse  tomber la religion. Vivez votre amour et ne vous occupez pas du reste.

Et puis, comme si ce n’était pas suffisamment embrouillé, Irène, libre, rebelle au verbiage cru se confesse auprès du père Raymond. Les effluves d’after-shave de la jeune femme (l’after-shave de Brian) troublent le bon curé. Ses vœux du cœur résistent avec vaillance à une attirance si terrestre, si charnelle, l’appel de ses sens. Et réciproquement la jeune femme est loin d’être insensible à ce curé dont les parents s’aspergeaient au tuyau d’arrosage avant de s’embrasser sur la bouche.

Intéressante. Très. Cette nouvelle introspection du dramaturge américain vis-à-vis de la religion catholique enfermée dans ses dogmes millénaires. Presque une demande cathartique. Il interroge. Donne à réfléchir. Sans chercher à plaire ou à émouvoir, il transporte sa réflexion sur les tréteaux, en un spectacle théâtral où, ironiques et drôles, fusent les répliques. En cela, il est aidé par la mise en scène d’Anne Bourgeois. De courts tableaux se succèdent,  avec des décors, défilés d’images sur écran. On reste capté par le rythme de la réflexion et les rebondissements de la pensée. Cela tient aux quatre comédiens précités, parfaitement identifiés aux personnalités de quatre consciences inquiètes, angoissées, et qui défraient avec une infinité de combinaisons dramatiques le heurt conflictuel subi par leurs convictions religieuses.

La fin des Vœux du cœur est poignante.
En ce début de saison théâtrale, voilà une pièce promise au succès.

Patrick Ottaviani 
(05/09/15)    



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Une loge
pour le strapontin














Théâtre La Bruyère

5, rue La Bruyère
75009 PARIS

Location :
01 48 74 76 99


Une pièce de
Bill C. Davis

Adaptation
Dominique HOLLIER

Mise en scène
Anne BOURGEOIS
 assistée de
Sonia SARIEL

Avec
Julien ALLUGUETTE
Julie DEBAZAC
Bruno MADINIER
Davy SARDOU

Décor
Sophie JACOB

Costumes
Brigitte FAUR-PERDIGOU

Lumières
Jean-Luc CHANONAT

Musique
 Jacques CASSARD