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Les trois derniers jours d’un facteur poilu

de
Gérard Pirodeau


En ce début novembre 1918 les combats sur le front n’ont pas encore sonné leur dernier glas. D’ailleurs, on avait cessé de croire que cette guerre pouvait enfin s’achever un jour. C’est dans cette période incertaine ou plus exactement les trois jours qui précédèrent l’armistice (9-10-11 novembre) que Gérard Pirodeau plante le décor de son spectacle : Les trois derniers jours d’un facteur poilu. Après un violent bombardement deux hommes se retrouvent enterrés vivants dans leur tranchée sans contact avec l’extérieur qu’ils ne devinent que par le fracas des tirs de mortiers.
Deux victimes dirons-nous ordinaires de la Grande Guerre : l’un gravement blessé à la jambe, l’autre aveugle des suites d’une attaque aux gaz.
C’est dans ce huis clos à six pieds sous terre qu’ils vivront leurs derniers moments. Ils ne sont pas désespérés car comme souvent les grands drames rendent obsolètes des termes tels que l’espoir ou l’avenir.
Ces moments dramatiques, ils les vivront en se racontant leur vie, enfin telle qu’elle a été, telle qu’elle le sera après… après…
Roger (Alexis Smolen) est facteur, Théodore (Kevyn Diana) est un jeune vigneron. Il a sur lui les lettres qu’il a reçues depuis son incorporation. Des lettres qu’il n’a jamais lues non pas à cause de sa récente cécité, mais parce qu’il ne sait pas, n’a jamais su lire et, comme beaucoup d’illettrés, est bien trop embarrassé pour l’avouer et demander de l’aide pour les déchiffrer. Lui ce qu’il sait bien faire c’est jouer de la musique, de l’accordéon surtout. Et justement il en possède un qui ne l’a jamais quitté à travers ces années de combat.
Dans l’intimité de ce caveau, les lettres de Théodore seront lues par ordre d’arrivée, par son providentiel facteur, pendant qu’il accompagnera cette lecture d’une mélodie improvisée. Ainsi, pendant que leur mort certaine approche sans qu’ils ne la craignent ou ne l’imaginent les atteindre déjà, nous sera dévoilée la vie heureuse de ce jeune soldat (et celle de notre facteur), cette vie heureuse qu’il a eue et surtout qu’il aurait pu avoir après… après…
Ils finiront par entendre sonner les cloches des églises autour d’eux sans pouvoir deviner qu’elles annonçaient, ce 11 novembre, la fin des hostilités. Pour leur part ils poursuivront leur lente avancée vers la mort.

Les trois derniers jours d’un facteur poilu qui se joue actuellement les lundis à 20h et dimanches à 18h30 au Théâtre du Gymnase, salle Marie Bell, nous fait partager avec émotion mais sans pathos un moment de notre histoire où des sangs purs ont abreuvé nos sillons. Nous sommes sous le charme de ces instants de fraternité qui se moquent bien des conflits. Nos deux hommes auraient pu tout aussi bien être deux soldats ennemis que l’ombre de la mort a rendus trop humains pour se trouver différents.
Des hommes tout simplement.

Un spectacle touchant qui nous rend meilleur et qu’il ne faut pas manquer.

David Nahmias 
(10/10/15)    



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Théâtre du Gymnase

38, bd de Bonne-Nouvelle
75010 Paris

Location :
01 42 46 79 79




Mise en scène
Gérard Pirodeau

Avec
Alexis Smolen
Kevyn Diana