Saison 2 - déjà ! – au Théâtre Trévise pour Carmen à tout prix ! de Sophie Sara, une comédie loufoque et déjantée.

Rien ne va plus pour Alain Kasherwski (Bertrand Monbaylet) directeur d’un théâtre qui part à vau-l’eau : des salles vides à répétition, une programmation ratée, des techniciens et comédiens grévistes. Au bord de la crise de nerfs, une idée lui vient pour sauver son outil de travail : représenter, de façon grandiose, l’universel opéra de Bizet, Carmen.
Mais il lui faut du monde. Alors, il recrute musiciens et comédiens-chanteurs au milieu d’un méli-mélo de grévistes et non-grévistes, car Ribaut (Philippe Moiroud) syndicaliste des intermittents du spectacle, déploie avec force un calicot affublé du mot d’ordre suivant, « Théâtre en grève ».
   Une effervescence règne autour de la scène du Théâtre Trévise pour cette mise en abyme : salle en pleine lumière, rideau non levé et les derniers spectateurs en train de gagner leur place.

La pièce d’Alain Kasherwski s’ébauche petit à petit. Aux abords des arènes de Séville, voilà la Carmen de Prosper Mérimée, transposée par Bizet et ses airs d’opéra. Pieds nus, rebelle, Carmen (Sophie Sara parfaite dans le rôle d’une bohémienne au tempérament de feu) jette à l’adresse du brigadier Don José (Mathieu Sempéré) une rose rouge après avoir entonné : « L’amour est un oiseau rebelle. »
À la suite d’une bagarre, Carmen est arrêtée et Don José chargé de la surveiller. Envoûté par la bohémienne, le brigadier, un peu bêta, fiancé à Micaela (Ariane-Olympe Girard) la laisse s’évader. Emprisonné à son tour, puis libéré, il s’amourache de la gitane qui avoue ne pas l’aimer. Don José implore Carmen et le drame monte, car la belle gitane attend aux abords des arènes son amant le toréador (second rôle de Philippe Moiroud, après celui d’un syndicaliste renfrogné). Tout cela dans une dramaturgie désopilante et enlevée.

Il faut dire, qu’avec audace et brio, Sophie Sara a inter-allié deux genres : celui de l’opéra-comique à un vaudeville détonnant. La musique nous éblouit avec les performances vocales des comédiens-chanteurs, entre autres de ce ténor surdoué Mathieu Sempéré et ses capacités vocales incroyables.
C’est très rythmé, avec des comédiens aussi à l’aise dans leurs frasques que dans leur bonne humeur communicative.
La mise en scène, aux accents de "déjanté-contrôlé" de Manon Savary, est tout à fait appropriée à ce délire chanté. Il y a une liaison constante entre les airs d’opéra et l’action scénique. Voilà un spectacle bouillonnant avec ses duos, ses chœurs, centré sur une passion impossible : celle de Carmen et Don José.
Il ne faut pas oublier de signaler les prémices de la femme moderne, en germe dans la nouvelle de Prosper Mérimée,  confirmée par l’opéra-comique de Bizet.
Une comédie singulière, inventive et drôle, où le rire est garanti.