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Les Cavaliers


d’après le roman de
Joseph KESSEL



Généralement considéré comme le chef-d’œuvre de Joseph Kessel, Les Cavaliers – une épopée romanesque –, est mis en scène au Théâtre La Bruyère, selon l’adaptation d’Eric Bouvron, prolongement, si l’on veut, du 64ème festival de Sarlat l’été dernier, où la pièce était jouée avec les mêmes comédiens.

Au cœur des steppes afghanes a lieu le Bouzkachi, un tournoi où les meilleurs cavaliers des provinces proches de Kaboul s’affrontent. L’épreuve consiste à saisir le corps d’un bouc décapité et à le porter jusqu’à un cercle où, déjà, gît sa tête.
Sûr de son invincibilité, Ouroz, un jeune cavalier, clame plein de morgue à son père, le fier Toursème, qu’il va gagner le tournoi et rapporter le trophée. Malchance ou précipitation, il chute de son cheval et se brise une jambe.
Dès lors à terre, humilié, de nombreuses épreuves, toutes plus torturantes les unes que les autres vont être son lot quotidien, alors qu’il regagne sa province.
Sa jambe gangrène. Il suscite le dégoût. Le voilà sous la coupe de son serviteur Mokkhi et d’une prostituée qui essaie de l’empoisonner.
Il souffre l’enfer et se demande quelle sera la réaction de son père à son retour ?

Les sentiments sont forts, exacerbés, à l’exemple de l’une des plus belles scènes finales où Ouroz s’agenouille devant Toursème en pleurant : « Père, je suis là ! » Père qui s’apprête à cravacher son fils et retient son geste : « Car à quoi bon ! »

Les décors sont a minima. Un long voile irradié de lumière en fond de scène. Un tabouret tenu à bout de bras, une cravache et un genre de traversin suffisent à faire exister Jehol, l’étalon exceptionnel d’Ouroz. Et si, comme le disait Copeau « seul le texte compte », ici la prose romanesque de Joseph Kessel est prise en charge et menée tambour battant par des comédiens brillants qui passent avec fluidité d’un personnage à un autre et d’un lieu à un autre. Et puis, la précision des lumières de Stéphane Baquet ajoute une valeur supplémentaire à la dramaturgie.

L’indispensable Khalid K. illustre à merveille l’ambiance orientale. Sa voix, ses bruitages divers et surtout son talent emplissent de réalité et saturent de poésie l’aventure romanesque d’Ouroz et des autres protagonistes en quête de leurs destins.
Magie du théâtre qui nous rappelle que nous ne sommes pas si éloignés que cela de cette aventure initiatique.
Une affaire d’hommes, aurions-nous presque pu ajouter.

Anne Bourgeois et Éric Bouvron reprennent tous ces aspects dans une mise en scène énergique.
Le chef-d’œuvre de Joseph Kessel a été métabolisé en un spectacle qui nous parle et nous fait rêver. Une réussite.

Patrick Ottaviani 
(13/02/16)    



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Une loge
pour le strapontin



Théâtre La Bruyère

5, rue La Bruyère
75009 PARIS

Location :
01 48 74 76 99


Adaptation
Éric BOUVRON

Mise en scène
Éric BOUVRON
et
Anne BOURGEOIS
assistée de
Gaëlle BILLAUT-DANNO

avec
Éric BOUVRON
Gregori BAQUET
(en alternance avec
Benjamin PENAMARIA)
Khalid K.
Maïa GUERITTE

Costumes
 Sarah COLAS

Lumières
Stéphane BAQUET

Musique
Khalid K.