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de Jean-Benoît PATRICOT
Darius est le fils de Claire Chambaz, sa raison de vivre, son bonheur mais aussi sa souffrance. Il est atteint d'une maladie dégénérative comme nous l'apprend la première lettre qu'envoie sa mère au créateur de parfum Paul Lagarce. Né sourd, ses muscles ont fondu et ses yeux perdent peu à peu leurs facultés. Emprisonné dans une coque il ne lui reste plus que le toucher et l'odorat pour communiquer avec le monde extérieur. Le toucher, l'odorat et aussi sa mère qui le fait exister sur scène, en le racontant au fil de la correspondance entretenue avec le "nez" qu'elle a chargé d’une délicate mission : « retranscrire la mémoire de Darius en parfum ». Paul, dont la raison de vivre a toujours été, du moins jusqu'à la mort de sa femme, les parfums, se lance dans l’aventure. Il va créer des fragrances pour tenter de faire revivre à Darius les moments agréables de sa courte existence, les multiples voyages faits avec sa mère. Si Claire fait exister son fils sur scène, Paul, lui, arrive à nous faire sentir Rochefort, Rome, l'odeur d'une femme ou celle de Stars Wars ! Et c'est là le tour de force de Jean-Benoît Patricot qui, s'il n'est pas le premier à tenter ce pari fou qu’est de décrire une odeur, y arrive admirablement et met ainsi à contribution un sens généralement en sommeil au théâtre ou dans les romans. C'est également avec précision, sans pathos ou mélo, que le texte relate à la fois les joies de Darius quand une senteur parvient à le faire voyager dans le temps et l'espace, mais aussi les découragements de la mère et de Paul lorsque ce n'est pas le cas. Et c'est encore avec simplicité et justesse que Claire écrira un jour la mort de son fils, rendant hommage aux moments qu'ils ont partagés, au bonheur qu'il lui a apporté et qu'elle garde précieusement. On retrouve cette sobriété dans la mise en scène d'Anne Bouvier qui a su s'adapter au récit épistolaire de Jean-Benoît Patricot, en garder le rythme pour faire émerger un dialogue ininterrompu entre les deux comédiens. Clémentine Célarié incarne parfaitement cette mère, toujours du côté de la vie, qui sait rire et dont la force, dont on ne sait si elle la prend ou la donne à son fils, emportera avec elle Paul, artiste parfumeur revenu de tout, que cette rencontre changera à jamais. En effet Darius parti, l'histoire va continuer puisque Claire et Paul, tous deux lecteurs de Proust, savent bien que « … quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps... ». Amandine Farges |
Sommaire Une loge pour le strapontin Théâtre des Mathurins 36, rue des Mathurins 75008 PARIS (Métro Havre-Caumartin) Réservation 01 42 65 90 00 Une pièce de Mise en scène Avec Scénographe-plasticienne Musique Lumières |
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