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Anton TCHEKHOV


La mouette


Après avoir été jouée au Théâtre 71, la célèbre pièce de Tchekhov La Mouette sera reprise au Festival Passages de Metz les 5 et 6 mai. Cette comédie de mœurs (Medvédenko aime Macha, qui aime Constantin Tréplev, qui aime Nina, qui aime Trigorine, qui est l’amant d’Arkadine) se double d'une réflexion sur les difficiles relations que tissent les générations, qu'il s'agisse des rapports d'un fils à sa mère ou d'une querelle artistique entre anciens et modernes.

C'est donc de ce chef d’œuvre du théâtre russe que s'empare Oskaras Korsunovas. Le metteur en scène lituanien nous en offre une représentation de trois heures, impeccablement tenue de bout en bout  par des comédiens qui ne quitteront pas la scène avant que le coup de feu final ne retentisse. La distribution complète est en effet présente sur un côté du plateau, du début à la fin de la pièce, assise sur une simple rangée de chaises lorsque leur personnage n'est pas appelé par l'action.

Chacun aide ainsi à la mise en place du décor, si minimaliste soit-il (s'en détache surtout l'écran vidéo sur lequel sont projetés les reflets du lac autour duquel se construit toute l'histoire) et assiste au jeu des autres comédiens. Oskaras Korsunovas met ainsi en valeur l'esprit de troupe qui lui est si cher ainsi que les liens forts et multiples qui existent entre chaque personnage.

C'est d’ailleurs la grande réussite de cette mise en scène que de faire ressentir physiquement aux spectateurs les relations douloureuses qu'entretiennent Treplev et sa mère et les souffrances de ce jeune homme aux ambitions théâtrales malmenées. On ne peut que penser en suivant l’évolution de ce personnage à son grand frère Hamlet qui, comme lui, en voulait au monde de ses parents de ne pas être à la hauteur de ses attentes.

Treplev n’est cependant pas le seul à souffrir dans cette pièce où chacun rêve d’autre chose ou d’ailleurs et où toutes les illusions seront perdues. En premier lieu celles de Nina qui aspire à devenir une grande actrice et sera sacrifiée comme la mouette qui donne son titre à la pièce  :
« Une jeune fille passe toute sa vie sur le rivage d'un lac. Elle aime le lac, comme une mouette, et elle est heureuse et libre, comme une mouette. Mais un homme arrive par hasard et, quand il la voit, par désœuvrement la fait périr. Comme cette mouette. »

Et si, au terme de cette représentation, peut-être grâce aux sonorités slaves du lituanien, il nous semble repartir avec un supplément d’âme russe, c’est surtout la profondeur et la beauté mélancolique de la pièce d’Anton Tchekhov qu’ont réussi à nous transmettre Oskaras Korsunovas et sa troupe.

Amandine Farges 
(27/04/17)    



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Théâtre 71

3 Place du 11 Novembre
92240 Malakoff







Festival Passages

Metz
5 et 6 mai 2017