La Sainte Catherine

de
Stéphan Wojtowicz


"Tout cela est à la fois intéressant
& de haut comique."

Voltaire



Beaucoup de pièces dites comiques se réfèrent à la noble mission de "distraire " mais elles ne sont pas toutes du même niveau. Certaines ratissent large et suscitent des rires faciles mais il en est aussi de remarquables – celles que Voltaire qualifiait de "haut comique" – lesquelles méritent la mobilisation des spectateurs. La métaphore n'est pas trop forte pour vous recommander la toute récente pièce du Petit Théâtre de Paris. Il s'agit de La Sainte Catherine de Stéphan Wojtowicz que nous retrouverons sans aucun doute à la cérémonie des "Molière" sous des applaudissements à rompre les banquettes.

Ce serait dommage de vous dévoiler comment la connivence va s'établir avec le public ni comment les rires vont fuser, mais je vais néanmoins vous parler du parrainage de Courteline, évoqué par la direction du théâtre pour présenter cette comédie. Certes, le dramaturge qui fustigea de son temps les mesquineries, les tracasseries et les outrances des hiérarchies, notamment celles des militaires ou de certains représentants de l'Etat, ne l'aurait pas désavouée.

Cependant, ce qui était déjà incongru et difficilement acceptable dans le quotidien de la fin du XIXe siècle avec l'adjudant Flick est devenu insoutenable dans le contexte de l'après grande guerre dans un hôpital militaire improvisé, surbooké de blessés graves et dirigé par un militaire sorti tout droit de l'univers de Cabu.

Ce galonné est un de ces égoïstes du type scrogneugneu borné qui s'inscrivirent sans état d'âme dans la connerie des boucheries de 14-18 et qui doivent leur légion d'honneur ou leurs promotions au sacrifice inutile de milliers de troufions. Les fusillés pour l'exemple de 1917 ne sont plus là pour témoigner.

Effectivement, l'auteur des Gaietés de l'Escadron qui mélangeait déjà farce et humour dans son théâtre dénonçait, il y a plus d'un siècle, l'absurdité de certaines hiérarchies en uniforme et l'arbitraire des pouvoirs. Mais là, dans cet hôpital militaire de campagne, Wojtowicz va nous mener beaucoup plus loin et beaucoup plus fort ! Avec lui, on va passer de la comédie "rosse" de Courteline à une atmosphère aussi conflictuelle que consternante de par son inhumanité. Pourtant, ce manque de respect des hommes et de compassion élémentaire vont s'accompagner d'un jubilatoire imprévisible.

Heureusement pour votre psycho sensible, on va vous éviter le contact rapproché avec l'éther, le sang et le chloroforme. En revanche, vous allez partager le côté hilarant d'une situation où certaines décisions prises en haut lieu provoquent le nombrilisme d'une culotte de peau à trois ficelles pratiquant la veulerie comme un des beaux-arts.

En effet, on a sacrifié des millions d'hommes généralement sélectionnés parmi les plus défavorisés et on leur doit bien des monuments aux morts où leurs meilleurs profils seront sculptés dans la pierre ; ça s'appelle la reconnaissance de la nation. Pour cette raison d'état, nous voilà entraîné dans un enchaînement de circonstances où le capitaine va déraper dans un comportement ubuesque. C'est un véritable bonheur de scène.

Dans ce rôle, Philippe Magnan confirme son très grand talent et nous devons aussi à ses commensaux Caroline Maillard, Guillaume de Tonquedec et Didier Brice un hommage souligné. La mise en scène de José Paul et d'Agnès Boury est habile car l'unité de lieu n'était pas évidente. Décor efficace d'Edouard Laug. Et l'uniforme du capitaine, dessiné par Pascale Bordet, participe également de notre rire libérateur. Voilà une équipe qui gagne.

Amateurs de Haut Comique… que demander de plus ?

Claude Chanaud 



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Montreurs d'ours






au Petit Théâtre
de Paris


15, rue Blanche
75009 Paris

Location :
01 42 80 01 81




Mise en scène :
José Paul
et Agnès Boury

Décor :
Edouard Laug

Costumes :
Pascale Bordet



Avec :


Philippe Magnan

Caroline Maillard

Guillaume de Tonquedec

Didier Brice







Pour visiter
le site du théâtre :

www.theatredeparis.com