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Le hoquet
du pape


de Iago Migatti-Lulli




Pour chanter "Veni Creator" il faut une chasuble d’or…


Indice d’une très inconfortable digestion, LE HOQUET DU PAPE, est une pièce de Iago Migatti-Lulli volontairement provocatrice et solidement musclée mais aussi nécessaire qu’un aveu. Le sujet de base concerne les prises de position aussi connues qu’ambiguës du Pape PIE XII lors de la domination nazie des années quarante et les regrettables "non dits" de l’Eglise de Rome sur les sujets contemporains les plus divers. Mais aussi les plus révélateurs.

Un efficace dessin de Willem annonce la couleur : Le hoquet qui déforme la gorge du pape a la forme d’une croix gammée. L’arme de la caricature ouvre donc très heureusement le dossier jamais complètement instruit de cette politique qui fut opportuniste… faute d’être opportune, que de nombreux chrétiens déplorent encore à voix basse et que la classe dirigeante des ensoutanés à robe doublée de soie enferme dans des arguties d’un autre âge.

Sur la scène de la Comédie Italienne de la rue de la Gaité, des hommes de main anonymes ont saccagé la sacristie de Malik, un pauvre prêtre noir mélangeant allègrement le tam-tam africain avec le credo de la tradition catholique. L’Evêque Carlo n’y est pas pour rien. Et il représente sans honte cette hiérarchie vaticane qui n’hésita guère durant le siècle précédent à cautionner certains totalitarismes demeurant évidemment infréquentables. Sans aucune exception possible.

Mais, au-delà de cette tentation de pouvoir temporel, récurrente chez les papes du passé, le procès fait à Rome n’est pas nouveau sur le fond : Pourquoi cette religion s’inspirant des pensées généreuses de Jésus-Christ depuis 20 siècles n’est-elle jamais l’Eglise des pauvres ? Mais celle de prétentieux porteurs de chasubles tissées de fils dorés.

Et pourquoi à côté de cette analyse où tout a été pratiquement dit et redit, retrouve-t-on en permanence des jugements indignes de ceux qui mettent en avant combien leur Dieu est Amour ; le Sida que certains des penseurs romains vont juger "purificateur", l’homosexualité qualifiée de perverse, la condamnation systématique de la femme, la recherche des sans-papiers, les déviants polygames, les pédophiles et les drogués ? Je doute évidemment qu’un Dieu de pure bonté s’y reconnaisse.

Si on ajoute pour faire bonne mesure l’antisémitisme érigé en système, le racisme rampant, les affirmations révisionnistes de l’Evêque Williamson, ainsi que l’apologie d’Hitler, on va très vite conclure à la nécessité de limiter les jouissances de notre bas-monde, voire de se flageller les flancs en attendant de revêtir la robe de bure de cette prétentieuse élite s’exprimant en latin pour masquer le vide de son discours. Ad gloria majorem Dei.

Courez donc à la Comédie Italienne. LE HOQUET DU PAPE est un spectacle sain auquel il faut rendre l’hommage dû à la lucidité de la pensée et au courage pour le dire.

L’évident talent des quatre interprètes est en plus.

Claude Chanaud 
(23/05/09)    



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Montreurs d'ours





Comédie Italienne

17, rue de la Gaîté
75014 Paris

Réservation :
01 43 21 22 22

Métro : Gaîté
ou Edgar Quinet



Mise en scène :
Attilio Maggiulli

avec des comédiens
de la Comédie Italienne