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Photo © Eric Devert

L'illusion conjugale

d'Eric Assous




C'est de la grosse nature de truand qu'admet pas qu'on ait des vouloirs
de piquer dans son réséda.
  (Marcel Aymé, Le passe-muraille)


La difficulté de vivre à deux n’est pas une mince affaire parmi les aventures humaines à caractère risqué. Tant pis pour nous et tant mieux pour le théâtre qui en fait régulièrement sa pâture. Avec L’illusion conjugale, il n’y a pas d’amant dans le placard mais une démonstration exemplaire de cette insidieuse gangrène des couples à laquelle on ne résiste jamais très longtemps. Sauf à mentir… un peu… beaucoup… à la folie…

Cependant, cette solution avec masque incorporé, devenue classique à force d’être utilisée, n’est pas sans danger pour le psycho. Y compris quand un homme policé et bien sous tout rapport, affiche un ego satisfait et des certitudes en béton armé. A la manière de ce Maxime, joué par Jean-Luc Moreau. Epouse élégante, situation aisée, maison avec terrasse, voiture de l’année, look un peu sombre mais très classique de cadre supérieur, ce prétentieux ne manque apparemment de rien.

Mais ne vous arrêtez pas à cette façade trompeuse car l’omission et le mentir vrai accompagnent le conte de fée comme ils rythment la vie de destins plus modestes. Jeanne, sa très fine épouse, interprétée par Isabelle Gélinas va provoquer chez cet amateur de bonnes fortunes le macho qui ne sommeille que d’un œil. Et en plus … il est jaloux !

Claude, l’ami du couple, joué par José Paul, va apporter une contribution inespérée à ce conflit qui dépasse le petit monde de ces particuliers pour aborder l’universel des amours mortes.

D’une part un texte très efficace cerne sans fioritures inutiles les méandres des comportements individuels au sein du couple et, d’autre part, l’approche du plus délicat dans les relations intimes évite le piège du clin d’œil coquin.

Eric Assous, l’auteur, en profite pour aborder avec sincérité le mystère récurrent des plaisirs d’amour et formule excellemment par la bouche de Jeanne une mise au point, aussi spontanée que pudique, concernant le féminin. Que les machos prétentieux de leur pénis en éphémère érection tirent la conclusion qui s’impose.

C’est vous dire que nous sommes bien éloignés d’un convenu datant d’une ancienne tradition paillarde et au plus près d’une approche rigoureuse où le mâle doit passer ses certitudes au tamis de la modestie et devenir réservé dans son expression. Arnaud de Segonzac et Charlie Mangel ont imaginé un décor dénudé laissant aux dialogues toute la place qu’ils méritent.

Les trois comédiens y sont crédibles et défendent ce texte taillé au rasoir avec un rare bonheur d’expression. La soirée passe dans l’enchantement.

Bonne pioche de Gérard Maro.

Claude Chanaud 
(07/10/09)    



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Montreurs d'ours












Théâtre de l'Œuvre
55, rue de Clichy
75009 Paris

Réservation :
01 44 53 88 88



Mise en scène :
Jean-Luc Moreau


avec :
Isabelle Gélinas
Jean-Luc Moreau
José Paul