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Colombe


de
Jean Anouilh



Colombe, petit oiseau d’amour
Colombe, méfie-toi des vautours…

chanson



« On se décompose depuis qu’on est né et tu voudrais qu’il n’y ait que les sentiments qui ne changent pas » conclut madame Alexandra, tragédienne de son état, qui porte sur la vie un regard expérimenté alors que son fils Julien se paie le chagrin d’amour du siècle.

Cependant, bien avant que cette désolante réalité s’impose, la pure Colombe, héroïne de cette comédie toujours moderne et symbole d’un engagement de jeune fille pas encore en fleur, va passer progressivement de l’extase séraphique au rire mutin des lendemains souriants. Tout ça pour son équilibre d’être humain révélé au carpe diem par les circonstances et pour le bonheur des aficionados que Jean Anouilh conserve depuis belle lurette. Toutes critiques politiques apaisées.

Comme la législation du moment le voulait, Julien, le très ténébreux mari, va s’absenter pour un service militaire un peu longuet et Colombe, jeune maman à la fois désorientée et désargentée, être livrée à l’éternelle complicité des tentations amoureuses et du rire opportuniste. Le monde de la scène va lui en fournir maintes occasions.

Les choses auraient peut être pu continuer cahin-caha dans une équivoque supportable mais la vilénie va infiltrer la situation sous la forme d’une lettre – pas même anonyme – informant le militaire de son nouvel état d’homme trompé. Au lieu de se contenter d’évoquer avec humour « n’est pas cocu qui le veut » voilà que notre soldat en permission va se fâcher. On retrouve alors le thème des amours contrariés sur lequel le lucide Anouilh va pianoter durant deux heures d’horloge, souvent narquois quelquefois navré.

L’éternel conflit des couples et l’initiation d’un cœur pur à un marivaudage ambiant vont encore une fois vous faire vibrer. Et, virtuose d’un divertissement sur fond de cicatrices, cet auteur malicieux va vous faire passer de la nostalgie des engagements adolescents à l’ambiguïté des compromis.

Outre d’étincelants dialogues connus d’un public fidèle, la qualité de ce spectacle vaut également par une distribution de qualité qu’Anny Duperey anime d’une incontestable présence et d’une fougue admirablement maitrisée. Et parmi ces talentueux compagnons de scène, Rufus apporte sa note personnelle dans l’interprétation d’un véritable faux cul, malheureux comme les pierres, génial dans l’autodérision et salaud non condamnable :
« J’ai été marié moi aussi…. et elle louchait en plus… je ne l’avais pas prise pour la montrer… je pensais : au lit elle en vaut une autre, et pour le ménage plus c’est vilain, plus ça frotte : c’est connu. »
« Dans l’armoire comme tous les cocus… Vous pourrez renifler ses robes, ça vous rappellera le bon temps. »

Colombe mobilise donc à nouveau l’actualité du théâtre parisien. Heureuse nouvelle. Il lui manque seulement la collaboration d’un Malclès contemporain pour lui servir un cadre correspondant totalement à ses personnages et ses dialogues. En effet, depuis l’association restée mythique de Jean Anouilh et de Jean-Denis Malclès, la rencontre fusionnelle d’un texte et d’un décor relève d’une exception regrettable.

Claude Chanaud 
(23/02/10)    



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Montreurs d'ours





Comédie des
Champs-Elysées

15, avenue Montaigne
75008 Paris

Réservation :
01 53 23 99 19




Mise en scène
Michel FAGADAU

Avec
Anny DUPEREY
Sara GIRAUDEAU
RUFUS
Grégori BAQUET
Benjamin BELLECOUR
Jean-Paul BORDES
Fabienne CHAUDAT
Etienne DRABER
Jean-Pierre MOULIN
Jean-François PARGOUD







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Jean-Denis Malclès

(1912-2002)



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