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Photo © David Marchon
Les peintres au charbon

de Lee Hall

Comment ne pas juger les gens sur la mine


Les différences d’éducation, de formation et d’études sont un moteur classique des rapports hiérarchiques entre les hommes aussi bien dans la vie quotidienne que dans la littérature. On le retrouve également dans les dramaturgies comiques ou tragiques quelles que soient les époques.

Des individus sortant d’un moule où ils ont appris ce que d’autres ignorent encore sont souvent des prétentieux d’un maigre savoir. Mais les rapports entre ces hommes différemment formatés peuvent être également le vecteur d’une réflexion positive sur deux univers : étonnantes strates sociales qui vont se croiser ou se rencontrer sans qu’elles cautionnent pour autant une désagréable condescendance du premier monde vis à vis du second, voire une supériorité de classe. C’est le cas dans Les peintres au charbon une comédie tout nouvellement jouée à Paris après avoir enthousiasmé Londres et Vienne.

Le sujet de la pièce aurait pu porter des initiés dans le domaine de la peinture à rire ou sourire des réactions de gens simples, passés très jeunes et sans études dans le monde d’un travail abrutissant comme cela se pratiquait jadis dans des régions où les mines de charbon étaient l’unique perspective des "sans le sou". Ces familles de mineurs mettaient vraisemblablement chaque mois de janvier le calendrier des postes de l’année en cours sur le buffet de la cuisine au lieu d’avoir un Mondrian dans un salon à la façon de la mondaine madame Sutherland. Mais l’auteur évite ce piège d’une moquerie aussi suffisante qu’inutile.

Lee Hall a effectivement écrit ce choc de culture d’une manière beaucoup plus humaniste et Marion Bierry l’a mis en scène dans le même esprit. Il est à la fois porteur d’un refus de lutte entre les êtres humains et d’une modestie souhaitable concernant les mieux formés.

Il a fallu la circonstance devenue maintenant courante d’une formation complémentaire donnée à des mineurs dont l’activité est menacée pour qu’un jeune professeur d’art s’évertue à les convaincre des beautés classiques qui furent l’ossature de ses études.

Voilà les prémisses d’une savoureuse soirée.

La confrontation entre ces esclaves du sous-sol et une collectionneuse sophistiquée et opportuniste a aussi été nécessaire pour que les prétentions de soi-disant érudits s’écroulent sous le vide de leurs formules et que les marginalisés du système découvrent leur aptitude à sentir, ressentir puis à s’exprimer. Pourquoi pas avec un pinceau ? Et ils vont gagner !

Sur la scène du théâtre de l’Artistic Athévains le conflit potentiel a fait place à la reconnaissance d’une émotion partagée. Un savoureux dialogue mène les rejetés d’un art élitiste d’une introspection non planifiée à l’expression de leur sensibilité. Et on est infiniment touché de cette révélation tout en partageant un rire accompagnateur parfaitement décapant.

Les comédiens de ce spectacle vivent avec sincérité et talent cette sensibilisation artistique pas comme les autres qui, hors des frontières de la prétention, donne à chacun sa part de rêve et sa capacité à l’exprimer.

Claude Chanaud 
(25/11/10)    



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Montreurs d'ours





Théâtre
Artistic Athévains

45 bis rue Richard-Lenoir
75011 Paris

Métro : Voltaire

Réservation :
01 43 56 38 32





Traduction
Fabrice Melquiot

Adaptation
et mise en scène
Marion Bierry

Avec
Bernard Ballet
Robert Bouvier
Thomas Cousseau
Carine Martin
Jacques Michel
Odile Roire
Eric Verdin
Arthur Vlad



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Compagnie du Passage








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