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Photo © Lot
Le nombril

de
Jean Anouilh

avec Francis Perrin



Occupant la scène de la Comédie des Champs-Élysées depuis le début février, Le nombril renoue en ces lieux avec trente années où Jean Anouilh a marqué et réjoui les amateurs de théâtre. Il faut également préciser que ce dramaturge fait partie de ceux dont l'œuvre revient régulièrement sur les tréteaux contemporains à la façon rare de messieurs Molière… Beaumarchais… Guitry… et de quelques autres dont la liste est toutefois limitée.

Dans les décennies de l'après-guerre où ses comédies, les grises comme les roses, furent accompagnées de polémiques et de tensions, ce compagnon de Jean-Denis Malclès et d'André Barsacq nous a dit avec une rare virtuosité les difficultés à vivre dans notre société de représentation exacerbée et celle de résister à ses contradictions tout en gardant le sourire aux lèvres. Mais en traitant à sa manière, à la fois ironique et pudique, les problèmes de notre quotidien, il a su en même temps soigner ses bleus à l'âme et déclencher nos hilarités.

Cette thérapie nécessaire continue avec la reprise de cette comédie. Dans cette rubrique je ne m'étendrai pas sur son sujet dans le détail ni sur le désopilant parcours de son héros dont la réussite professionnelle et l'argent attirent des quémandeurs.

Ces égoïstes veulent simplement profiter de son aisance financière et leur petit ballet "nombrilique" rythme un systématique "Et moi… et moi…"

Quand Jean Anouilh a écrit cette toujours actuelle comédie, il avait évidemment analysé combien l'humain, accompagné de sa récurrente difficulté à travailler, reste désireux d'un argent facile. Et ceci au nom de mille arguties pseudo sentimentales. Cependant s'il accompagne ce constat d'un rire désespéré, il nous tient sans aucun doute le discours d'un philosophe posant de bonnes questions.

Dans cette comédie où la gaité ponctue très heureusement la réflexion désabusée, il faut souligner le rythme enlevé que le metteur en scène Michel Fagadau a voulu et qu'une participation d'excellents comédiens maintient à un remarquable niveau.

En tête de ce petit monde aussi glouton de l'argent d'un autre que vibrionnant dans l'argumentation, Francis Perrin et Eric Laugerias pratiquent cette caricature heureusement calculée tout en restant crédible sur le fond. Les nombrils sont effectivement très souvent des proches.

Mais, question qui n'est pas subsidiaire : dans notre propre comportement, quelle est la part de ce centre de nous-mêmes dont l'utilité au départ de la vie n'est pas remise en question mais dont les exigences nous accompagnent avec obstination ? Ponctuée de rires sans illusions, la réponse est à la Comédie des Champs-Élysées.

Claude Chanaud 
(21/02/11)    




Le monde de la scène est en deuil. Michel Fagadau, homme de théâtre talentueux et doté de multiples facettes qui dirigeait la Comédie des Champs-Élysées nous a quittés le 10 février, peu après cette dernière mise en scène. Sa vision d'un théâtre sans frontières et sans compromissions manquera à nos bonheurs de scène.



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Montreurs d'ours










Comédie des
Champs-Elysées

15, avenue Montaigne
75008 Paris

Réservation :
01 53 23 99 19




mise en scène
Michel Fagadau

assisté de
Brigitte Villanueva

avec
Francis Perrin
Francine Bergé
Eric Laugerias
Davy Sardou
Jean-Paul Bordes
Christian Bouillette
Alexandra Ansidei
Sarah Grappin
Patrice Costa
Perrine Tourneux

décor
Mathieu Lorry-Dupuy

costumes
Pascale Bordet

lumières
Laurent Béal

son
Michel Winogradoff