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Arnaud DENIS

Nuremberg
La fin de Goering







Je viens de voir cette toute récente dramaturgie et, encore imprégné de son atmosphère aussi mobilisatrice que fascinante, je vous écris cette incitation à lui consacrer une prochaine soirée.

Son sujet cerne d'entrée de jeu – et très évidemment – l'inhumain qui accompagne les dictateurs de tous ordres et leurs complices. Ensuite les difficultés pour les juger avec la sérénité nécessaire. Mais, il se trouve que dans le cas des responsables nazis s'y ajoutaient l'extermination méthodique de millions de gens allant des Juifs, des Tziganes, des homosexuels jusqu'aux communistes et autres francs-maçons qui connurent ainsi de dramatiques fins de vie accompagnées de tortures et de privations stupéfiantes pour notre entendement démocratique.

C'était pour la première fois au monde l'horreur planifiée par la technologie.

Pour cette raison d'élimination des autres, de ces gens qualifiés de "différents", naquit la notion de "crimes contre l'humanité" au nom de laquelle leurs responsables furent jugés à Nuremberg. Numéro deux du régime hitlérien, Goering ne pouvait durablement expliquer son ignorance des faits reprochés à la hiérarchie nazie. Cependant, malgré les évidentes preuves et révélations consécutives à la découverte des camps d'extermination, il tenta ce type de défense avec un phénoménal culot et un machiavélisme qui compliquèrent pour un temps la tâche des juges. Personnage particulièrement fort dont l'intelligence était unanimement reconnue, il fut finalement coincé par les preuves accumulées et les témoignages des rescapés. Ensuite, il fut condamné à mort. Mais, dernier sursaut, il trouva quand même le moyen d'échapper à la pendaison par un suicide dont l'opportunité avait été prévue et organisée depuis fort longtemps.

La dramaturgie d'Arnaud Denis a su saisir ce moment d'intense densité, ce qui en fait un sujet de scène particulièrement dramatique. De plus, le personnage de Goering, que son évidente démesure place hors du commun, implique un funeste destin de chaos.

Face à ces fascismes à venir, le prémonitoire Shakespeare annonçait peut-être leur arrivée quand il faisait dire dans Macbeth en parlant de la vie : "C'est une histoire dite par un idiot, pleine de bruits et de fureur, et qui ne signifie rien".

Heureusement pour notre sérénité d'aujourd'hui, en dehors des preuves accumulées, les témoignages persistent et signent. Et parmi eux, celui de Marie-Claude Vaillant-Couturier. Cette déportée française à Auschwitz va apporter dans la pièce la note d'humanité salvatrice et la justification de la résistance nécessaire. C'est sans doute le point culminant de l'émotion accompagnatrice qui implique le hors jeu des nazis. Et, partant de cet exemplaire épisode de l'inhumanité, la mise à l'index de toutes les idéologies totalitaires.

Reste qu'une question demeure. Elle interroge tous les hommes sur leur capacité à générer de la monstruosité. Gît-elle dans un coin inexploré de notre inconscient ?
En l'absence définitive de réponse, il faut savoir que rien n'est jamais acquis concernant ces dérapages de tous les temps. Et rien que pour cela, un passage dans le petit théâtre de la rue des Plâtrières nous émeut au plus profond et nous incite à la vigilance. D'autant que les dictatures émergent dans les périodes de crise et que la nôtre n'est pas immunisée contre les tentations simplistes des idéologues contemporains.

Claude Chanaud 
(28/01/12)    



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Montreurs d'ours

















VINGTIÈME THÉÂTRE


7 rue des Plâtrières
75020 PARIS

Métro : MENILMONTANT

Réservation :
01 48 65 97 90




Mise en scène
de Arnaud DENIS





Avec
Arnaud Denis
ou
David Zéboulon
Götz Burger
Jean-Pierre Leroux
Jonathan Max-Bernard
Raphaëlle Cambray







En coréalisation avec
Les Compagnons
de la Chimère