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D. A. F.
Marquis de Sade



de
Pierre-Alain Leleu



Sadisme ! Ce terme, évidemment applicable aux tortionnaires de tous ordres, est aussi la définition qui convient pour mettre hors jeu la notion du plaisir obtenu en faisant ou en voyant souffrir ses partenaires. Il nous vient du nom de l'écrivain Donatien Alphonse François Marquis de Sade dont la très sulfureuse notoriété s'est accompagnée de l'opprobre général concernant ses dérapages au détriment d'autrui.

Nous lui devons incontestablement l'approche originale mais totalement amorale et perverse de ce sadisme revendiqué dans sa vie privée et illustré dans ses œuvres ainsi que de nombreuses déclinaisons contemporaines dont les formes hypocrites rejoignent les tortures en usage dans nombre de pays. Et dont des ensoutanés à la mémoire fragile, des polices encore en exercice et des armées en campagne ont trop souvent nié l'utilisation.

Cependant Sade était aussi porteur de nombreuses idées révolutionnaires et de valeurs apparues et revendiquées durant le XVIIIe qui ne fut pas pour rien qualifié de Siècle des Lumières. Et s'il n'en fut pas un des principaux révélateurs, sa place parmi eux apparaît évidente.

Les tenants de l'ordre à tous prix et autres pouvoirs sans nuances, églises et bourgeoisies confondues, l'on emprisonné à plusieurs reprises pour ces deux raisons. La royauté de l'ancien régime ne s'y était pas trompée et l'empire de Napoléon lui emboîta le pas. Ainsi, le marquis passa un tiers de sa vie enfermé. Et il a fallu attendre les surréalistes et des penseurs plus modernes pour distinguer ce qui est inacceptable dans son œuvre d'avec ce qui fut novateur dans sa lutte contre les pouvoirs établis.

L'ambivalence demeure encore de nos jours. En effet, si mai 68 souligna son combat pour les libertés, bien évidemment les militantes féministes ont, à juste titre, dénoncé le jouisseur capable du pire dans le relationnel des sexes et cette équivoque apparaît dans D. A. F. Marquis de Sade, un texte de Pierre-Alain Leleu mis en scène par Nicolas Briançon

Reste qu'il y a du Voltaire dans la démarche de Sade et que son refus d'une morale coercitive s'inscrit dans sa lutte contre les pouvoirs absolus. Ce constat n'empêche pas notre refus total d'une philosophie de domination à la mode du marquis. Sur la scène du Ciné 13, les comédiens font excellemment ressortir cette récurrente ambiguïté et le message passe la rampe sans être accompagné d'un exhibitionnisme provocateur y compris dans une scène de sodomie difficile à mettre en scène quand on se refuse la facilité du porno. Pari réussi.

Pierre-Alain Leleu y est efficace avec sobriété.

Claude Chanaud 
(13/01/2013)    



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Montreurs d'ours













CINÉ 13-THÉÂTRE


1, avenue Junot
75018 PARIS
(Métro Abbesses
ou Lamarck Caulaincourt)

Location :
01 42 54 15 12



Texte de
Pierre-Alain Leleu
D'après
Donatien Alphonse François
Marquis de Sade

Mise en scène
Nicolas Briançon

Avec
Pierre-Alain Leleu
Dany Verissimo
Jacques Brunet
Michel Dussarat

et la voix de
Sara Giraudeau


Une production
Compagnie
Nicolas Briançon