Adam, Eve et descendances

de Pascal Bancou




Adam, Eve et le Dieu ladre


Au théâtre Essaïon, l'aventure humaine nous fait toute une série de clins d'œil. Des caustiques et des câlins qui sont néanmoins frondeurs et, surtout, "pas dupes" des contraintes pour un citoyen supposé libre. Dans l'exercice du quotidien urbain, le fait n'est pas si courant. Pour cette première raison, rendons hommage à Pascal Bancou qui a imaginé et écrit la pièce Adam, Eve et descendances. Egalement, disons tout le bien que les Montreurs d'Ours pensent des deux comédiens donnant vie au texte : Isabelle Andréani dans un rôle tout de finesse et Xavier Lemaire dans celui d'un mâle de tradition machiste avant qu'il ne nous récite avec la dame de ses pensées le poème d'Eluard : "Que voulez vous… nous nous sommes aimés".

D'évidence, on va parler d'Amour et surtout… des amours ! Le sujet n'est pas mince. Ainsi que vous le savez, il nous occupe depuis belle lurette. Et, si l'on en croit la tradition judéo-chrétienne, les débuts de cette activité essentielle se situent à la porte du paradis terrestre. Exactement quand un Dieu, vraisemblablement mesquin et lésineur, constata qu'une pomme manquait dans son grand verger. Obsession de propriétaire ou frustration de principe ?

Etant donné que les occupants de l'époque n'étaient que deux – Adam, un garçon et Eve, une fille – ce Dieu ladre n'eut pas de difficulté à trouver le coupable. C'était sans doute le plus futé des deux. Bien sûr… la fille, laquelle est devenue la femme. Vous connaissez la suite. Le couple fut renvoyé du paradis avec le premier CDD de l'histoire des hommes : la vie terrestre. Depuis nous sommes condamnés à mourir et, pour l'oublier, nous cherchons l'autre moitié de nous même, celle ou celui qui nous aimera et que nous aimerons. Sans frein et sans morale réductrice. Quand on sait tout ce qui s'oppose à ce bonheur fragile nous sentons qu'un important problème humain est posé. Et Pascal Bancou nous en fait parcourir les aléas, l'éventail des possibles et les obstacles récurrents avec un bel humour et une bonne santé.

Il serait dommageable pour le plaisir du spectateur de vous dévoiler les réjouissants moments que l'auteur a placés à des époques notables de notre histoire humaine. Sachez cependant qu'elles joignent à une vérité chronologique reconnue les coquetteries accompagnant la quête de l'autre et le "Je t'aime moi non plus" de la psychologie amoureuse. Voire, le proverbe lapon (?) "Quand femme fuit, homme suit" ou sa variante mauritanienne (?) "Quand homme fuit, femme suit".

Vous noterez au passage le premier poème d'amour de l'humanité, Le cantique des cantiques, permettant à Adam de poser la question : "Le couple a découvert l’importance des mots / ce sont les mots qui propagent l'amour… Est-il vrai que le langage est plus développé chez les femmes ?" Ensuite, l'amour en Grèce vu par Evitis, une fille possible de Socrate. Puis, la vilaine aventure qui priva Abélard du pouvoir masculin de pousser sa pointe. Enfin, les vaudevilles de la Belle Epoque où l'amant n'est pas toujours dans le placard mais quelque fois à la place du maître de maison car "On dîne avec sa femme mais on baise ailleurs".

Le décor efficace est d'une grande sobriété. Je vous laisse sur votre faim d'en savoir plus car le plaisir de ces nombreux périples amoureux à travers les âges vous attend au Théâtre Essaïon. La pièce, qui provoque des rires de connivence, vous retiendra dans votre fauteuil jusqu'à la chute. Au moment même où un homme attend pour la première fois un évènement qualifié d'heureux quand il arrivait auparavant à sa compagne. A votre avis ?

Claude Chanaud 
(31/10/06)    



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Montreurs d'ours





Théâtre Essaïon

6, rue de la Pierre au Lard
75004 Paris

Réservation :
01 42 78 46 42

www.essaion.com


32 REPRESENTATIONS SUPPLEMENTAIRES
DU 6 JUIN AU 28 JUILLET


Mise en scène :
Xavier Lemaire


Avec :


Isabelle Andréani
et

Xavier Lemaire


Pour visiter le site
de leur compagnie :
www.leslarrons.com






Le texte est publié par
Art & Comédie
70 p - 11,70 €