Catherine Rich et Pierre Santini

La retraite
de Russie



de
William Nicholson


Au Théâtre du Petit Montparnasse où l'on assiste à une retraite de Russie suffisamment distanciée de l'Histoire pour être vue sur scène, une famille de petits bourgeois anglais va vivre en trois points un de ces drames perturbant de plus en plus la longévité des couples contemporains : On s'aime. On vit ensemble. On se sépare.

C'est plus simple à résumer qu'à vivre m'a susurré ma voisine que le thème avait mise sur la défensive. La pièce de William Nicholson, adaptée par Gérard Sibleyras et mise en scène par John R. Pepper, est effectivement source d'épisodes désolants et navrants, toutes choses qui rythment les séparations. Mais quand le choc des cultures et des tempéraments fait suite à l'ancienne passion, les incompréhensions cultivées en silence ou avec résignation apparaissent. Et dans le cas présent, elles sont accompagnées d'effets comiques insolites ou inattendus.

Alice, l'épouse volcanique (interprétée avec un grand bonheur par Catherine RICH) se réfugie dans sa messe dominicale et ses diatribes pendant qu'Edouard, le mari qui en a "ras-le-bol", (joué sobrement et sans effets superfétatoires par Pierre SANTINI) se ressource différemment dans la lecture et les mots croisés. Elle le titille sans cesse de ses regrets, de ses nostalgies d'un supposé paradis perdu et de ses remontrances concernant son EGO blessé. Lui, exaspéré mais calme, se met dans la position de l'espion "en sommeil".

Immergé dans un acte d'autodéfense quotidien, il attend… et il ne sait évidemment pas ce qui va se produire dans sa vie. Mais il attend, sans doute inconsciemment, l'arrivée de quelqu'un sachant lui prendre la main sans lui reprocher son égocentrisme. Justement, une femme de ce type vient de croiser son destin. Alors… il va fuir Alice.

Dans les faits, pour rompre un mariage insupportable, il faut non seulement que l'un soit lassé de l'autre, mais il est généralement nécessaire que le même soit attiré vers des ailleurs "porteurs d'espoir". La conjonction des deux éléments est le catalyseur d'un très grand nombre de divorces.

Malgré le ras-le-bol du mari et la souffrance réelle de son épouse, malgré le désarroi de leur fils Jimmy, le spectateur de LA RETRAITE DE RUSSIE voit donc une famille se disloquer sous ses yeux, ce qui est à la fois regrettable et préjudiciable, mais il ne peut s'empêcher d'espérer un "happy end" toujours possible. Pourquoi pas dans la séparation ?

Et, comme sans y toucher, le fils (interprété avec justesse et retenue par Julien ROCHEFORT) va apporter au drame familial l'assistance de sa lucidité et de sa générosité. Nous marchons à fond dans cette histoire devenue celle de notre temps parce que le mariage n'a jamais rien réglé de la difficulté de vivre à deux. Alors, on comprend. On compatit. Néanmoins, on rit.

Claude Chanaud 
(25/02/07)    



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Montreurs d'ours





Théâtre du
Petit Montparnasse

31, rue de la Gaité
75006 Paris

Réservation :
01 43 22 83 04

www.theatre
montparnasse.com



Une pièce de
William Nicholson


Mise en scène par
John R. Pepper



Avec


Catherine Rich


Pierre Santini


Julien Rochefort