La festa

de
Spiro Scimone


FAMILLE : L'ultime refuge

Lorsque Ionesco, Pinter ou Beckett apparurent sur les tréteaux, les polémiques furent nombreuses, contrastées et passionnelles, car le vide d'un certain langage et ses symboles irritaient de nombreux critiques et les tenants de la tradition. Dans le tumulte du moment, le théâtre dit "de l'absurde" était né.

Depuis, la banalité du quotidien et l'utilisation de son "parlé simple" ont trouvé leur place sur toutes les scènes du monde et prouvé leur efficacité dans ces lieux où Corneille faisait vibrer et où Feydeau faisait rire. L'utilisation de ces deux procédés nous apporte aujourd'hui une pièce peu connue à Paris que les Montreurs d'Ours recommandent aux amateurs.

Il s'agit de LA FESTA de Spiro Scimone, mise en scène par Galin Stoev au Théâtre du Vieux Colombier. Derrière un texte où le lieu commun est systématiquement répétitif, on va découvrir une famille où l'absence de moyens financiers rejoint l'absence de véritable communication. Les mots prononcés par l'un n'y sont que l'écho des mots du précédent. Et malgré l'évocation évidente des dramaturges cités plus haut, on a affaire ici à une œuvre tout à fait originale sur un thème des plus classiques qui soit. La tragédie grecque n'est pas loin.

Partagée entre le mari, infiniment machiste, qu'elle aime encore un peu – fort bien joué par Gérard Giraudon – et le fils qu'elle aime de plus en plus – le prometteur Serge Bagdassarian –, la mère – émouvante Christine Fersen – demeure le lien solide entre les deux mâles. Elle génère une tendresse récurrente à leur égard et l'exprime à sa manière pour le trentième anniversaire de son mariage.

Tout ceci se passe dans une proximité qui ne néglige pas les détails intimes de la vie sans jamais tomber dans la vulgarité. Exercice périlleux, s'il en est. Et ce qui pourrait n'être qu'un drame désespérant, baignant dans ce genre de dérision où les Italiens sont passés maîtres, devient générateur de rires. De plus, la pièce secrète un charme rare, dû – également – à l'interprétation de ces trois comédiens de la Comédie Française.

Sur la scène, la cuisine et la salle d'eau où nos anti-héros en tenue négligée vaquent à leurs petites activités journalières sont deux étonnantes cages de verre. Elles mettent efficacement en relief cette famille sans perspective, mobilisée par ses bleus à l'âme, ses fragilités, ses mesquineries et ses tensions. En résumé par ses nombrils.

Quand les Siciliens se mêlent de théâtre, c'est toute la famille méditerranéenne qui saigne. Mais les spectateurs qui vont s'émouvoir et rire de cette prison sans issue ne connaissent guère d'autres solutions. LA FESTA, c'est un bonheur de scène à saisir en avril 2007. Au Vieux Colombier.

Claude Chanaud 
(02/04/07)    



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Montreurs d'ours





Théâtre du
Vieux Colombier

21, rue du Vieux Colombier
75006 Paris

Réservation :
01 44 39 87 00 / 01

http://vieux.
colombier.free.fr



Une pièce de
Spiro Scimone

Mise en scène par
Galin Stoev


Avec



Christine Fersen
Gérard Giraudon
Serge Bagdassarian






le texte est disponible
aux éditions de L'Arche

ww.arche-editeur.com