Oscar
et
la dame en rose


d'Eric-Emmanuel Schmitt


Une grande dame en rose


Une pièce de théâtre réussie est le produit d'une étrange alchimie où le hasard a aussi sa part. Le directeur du Théâtre de l'Œuvre en a sans doute fait l'expérience de nombreuses fois. Mais en sortant de voir Oscar et la dame en rose, j'évoque à l'égard de Gérard Maro, l'aphorisme de Pascal "le hasard ne favorise que les esprits préparés". Et vraisemblablement le sien l'était car cette pièce est d'abord un choix heureux.

Il y a, bien évidemment, le texte écrit par Eric-Emmanuel Schmitt. N'en déplaise à ceux auxquels cet auteur, abonné au succès, donne des boutons, il nous raconte là une superbe histoire qui suscite une émotion vraie, rare, durable et intense. Tout ça parce qu'un enfant atteint d'un mal incurable attend sans espoir dans une chambre d'hôpital. Ce faisant, l'auteur va bien au-delà des poncifs habituels concernant ce type de maladie, les désespoirs des enfants condamnés, leurs morts annoncées, les incommunicabilités et les hypocrisies récurrentes. C'est un magnifique texte aussi pudique qu'émouvant et aussi léger qu'il est possible de l'être sur un tel sujet, tabou dans les esprits depuis lurlure.

Je n'ai pas envie de vous raconter 0scar et la dame rose pour ne pas dévoiler la trouvaille d'auteur infiniment poétique qui nous tient en haleine durant deux heures. Je souhaite simplement vous en parler avec suffisamment d'enthousiasme pour que vous alliez la découvrir vous-mêmes. Sachez également que, pour notre bonheur de spectateur, le Théâtre de l'Œuvre a réuni tous les ingrédients nécessaires à une réussite hors du commun.

D'abord le metteur en scène Joël Santoni, homme de synthèse heureux, n'oublie pas les détails révélateurs et demeure aussi efficace et léger que l'auteur. Et aux trois, cités ci-dessus, qui se sont mobilisés sur le projet, il faut ajouter des complices aux talents très heureusement complémentaires, d'Agostino Pace dont les panneaux mobiles glissent et s'effacent pour nous laisser imaginer les sinistres couloirs de l'hôpital à Serge Franklin dont les arrangements musicaux rythment l'émotion ainsi qu'aux autres collaborateurs de cette aventure.

Enfin une mention spécialement élogieuse pour la dame en rose Annie Duperey sans laquelle la pièce ne serait qu'une réussite parmi d'autres. Seule en scène, elle donne au texte une densité humaine palpable et aux spectateurs l'occasion d'aborder hors des banalités habituelles les approches de la mort.

Dans cette protéiforme performance, elle nous fait croire, sans peine, à tous les personnages qui vont meubler les jours comptés du petit Oscar. Vous commencerez dans la compassion, continuerez dans l'émotion et terminerez bouleversés. Vous sourirez aussi beaucoup. Et grâce à cette équipe de choc, vous sortirez du Théâtre de l'Œuvre débarrassés de quelques idées reçues.

Je ne parle pas ici d'une espérance religieuse post mortem mais d'une capacité à transcender le désespoir. Catharsiquement vôtre.

Claude Chanaud 



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Montreurs d'ours






Oscar
et la dame en rose


Théâtre de l'Œuvre


jusqu'au
31 décembre 2005

55, rue de Clichy
75009 Paris

Location :
01 44 53 88 88








Editions Albin Michel
100 pages
9,50 €








Publié aussi en gros caractères
Editions A vue d'œil
132 pages
14 €