La fin du
commencement


de Sean O'Casey



Les rubriques précédentes n'ont pas manqué de se présenter sous le signe des RIRES pour terminer, début Décembre, sur le Rire de Résistance, livre à la fois humaniste et impertinent, baptisé à la librairie du Théâtre du Rond Point. Effectivement, en Ile de France ils sont nombreux à avoir mis leurs scènes au service de cette activité… oh combien nécessaire... et ils nous font parcourir la saison 2007/2008 avec une magistrale gamme de rires libérateurs.

Mais si dans cette rétrospective jubilatoire, il nous manquait le RIRE issu du burlesque à caractère catastrophique, nous pouvons maintenant l'ajouter aux précédents grâce à une remarquable initiative de la Comédie Française. Inattendue certes, mais efficace ! Il s'agit de "LA FIN DU COMMENCEMENT" qui se joue au Studio Théâtre du Carrousel du Louvre jusqu'au 20 janvier 2008.

Cette pièce, située dans l'Irlande des années mille neuf cent trente, aurait très bien pu trouver sa place dans une de nos provinces françaises de la même époque. Ou dans le Caucase. Ou en Calabre. Le décor représente l'intérieur d'une petite ferme du type "misérabiliste". La femme du fermier s'y livre sans joie aux activités imposées par la tradition. Quant à son compagnon qui revient des champs, il apparaît très vite comme un besogneux égoïste, nunuche et râleur. Tous deux partagent une vie sans confort et sans joie sous le symbole expiatoire d'une croix accrochée à la cheminée noirâtre. Et sans l'eau chaude si commode pour se raser.

Seul un vieux phono les distrait d'un sort pitoyable. Et leur voisin, aussi simplet que le croquant évoqué ci-dessus, est seul à leur apporter l'air du dehors. En fait, nous pensons aux paysans de La Bruyère bien avant d'accéder par la magie de SEAN O'CASEY, l'auteur de cet univers tragi-comique, aux rires libérateurs.

Outre les critiques sociales inhérentes à cet univers désespérant de dépendance et de conditionnements, on va donc basculer dans celui de Buster Keaton, voire de Laurel et Hardy, là où des rationalisations simplistes rejoignent une obstination imbécile. Cette convergence va nous mener à une conclusion marquée de sa propre logique. Et voilà peut-être la fin d'un monde qui se profile !

On peut penser à juste titre de cette comédie qu'elle est cruelle. On peut dire également qu'elle joint la critique sociale à un sens aigu de la dérision. Mais on doit surtout souligner qu'on y sourit avec connivence dans les rares moments où l'on n'y rit pas. Y compris quand la ficelle est volontairement grosse.

Que Célie PAUTHE qui l'a mise en scène en soit complimentée. Ainsi que Michel DUCHAUSSOY, Catherine SALVIAT et Michel ROBIN, trois grands comédiens qui font partie de la troupe de la Comédie Française et qui témoignent à la fois d'une humilité nécessaire devant ce texte ainsi que d'un évident brio dans le burlesque débridé. Tout au cours de la pièce, ils nous le font savoir avec un véritable clin d'œil de complicité. Et ça marche…

Claude Chanaud 
(24/12/07)    



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Montreurs d'ours






Studio Théâtre
de la Comédie Française
Galerie du Carrousel
du Louvre
99 rue de Rivoli / Paris 1er

Réservation : 01 44 58 98 58

et sur le site du théâtre :
www.comedie-francaise.fr




Une pièce de
Sean O'Casey

Mise en scène
de Célie Pauthe

avec
Michel Duchaussoy
Catherine Salviat

& Michel Robin









Le texte est disponible aux éditions de l'Arche