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Road to Mecca
de
Athol Fugard
Athol Fugard est un Sud-Africain dont les œuvres ont souvent touché le public français car au-delà de ses généreux engagements – en commençant par les spontanés de l'adolescence – ce dramaturge exprime une philosophie où convergent sans équivoque la nécessité de la justice pour tous et le soutien nécessaire aux minorités. Voire aux solitudes humaines. Vous comprenez très vite en écoutant ses textes et ses dialogues que c'est un honnête homme de notre époque car il pratique l'intelligence du cœur chère à La Rochefoucault. Mais, de plus, il possède l'art de faire passer l'éventail des fragilités humaines avec un "parlé simple" qui est la marque des grandes plumes.
Dans Road to Mecca, pièce écrite en 1985 (traduire : Route pour La Mecque) vous ne prendrez d'aucune manière le chemin de l'Arabie Saoudite, mais vous rencontrerez trois personnages attachants qui habitent l'Afrique du Sud des anciens Afrikaners. Ils se débattent – comme vous et moi – entre leurs contradictions internes et leurs interrogations sur l'extérieur.
Ce questionnement de scène où la vulnérabilité de chacun apparaît derrière notre éternel problème de communication est aussi bien celui d'Helen, veuve esseulée qui se consacre à la sculpture (art brut ou création spontanée ?), que celui de son amie, l'indépendante et véhémente Elsa. Et c'est sans doute, aussi, celui du pasteur Marius dont la position ambiguë relève à la fois de sentiments soigneusement dissimulés et d'un dogmatisme étouffant.
La soirée au cours de laquelle tout cela se révèle est celle d'une rencontre de ces personnages qui vivent tous les trois une profonde crise intérieure. Il faut souligner que c'est un excellent moment de théâtre même si l'introduction est un peu longue : ces personnages vont effectivement nous toucher. Surtout Helen, personnage très émouvant car cette "fausse fragile" a gardé quelque part une étonnante capacité de réaction. Et de sa fragilité, limite du déséquilibre, à sa force intérieure, il y a un parcours qui séduit le spectateur. Geneviève Mnich excelle dans ce rôle de grande sensibilité.
De plus, vous aurez le plaisir de découvrir – ou de redécouvrir – un de ces lieux de scène urbains qui allie la modestie des prétentions au charme désuet d'une ancienne cour intérieure de l'Est parisien. Dans cet improbable lieu de culture, de robustes végétaux vous accueilleront et vous trouverez le théâtre en haut d'un escalier rudimentaire. Au premier étage. Cet endroit où la compagnie de Habib Naghmouchin s'est installée en séduit plus d'un.
Pour être assis autour de la scène qui est à votre niveau, vous paierez 18 euros. Mais si vous êtes en groupe – à partir de six – vous pouvez n'en payer que 13 par personne, prix ramené à 10 pour les étudiants et les chômeurs. Voilà l'occasion de voir une excellente pièce contemporaine dans un théâtre insolite pratiquant des tarifs heureusement adaptés.
Claude Chanaud
(13/04/08)
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Sommaire
Montreurs d'ours
Théâtre
de la Boutonnière
25 rue Popincourt
75011 Paris
Location :
01 48 05 97 23
Métro : Voltaire
Road to Mecca
d'Athol Fugard
Mise en scène
Habib Naghmouchin
avec
Geneviève Mnich
Cécile Lehn
et
Eric Prigent
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