La maison
du lac


d'Ernest Thompson




Le bonheur tranquille des époux Murphy


Au théâtre, les reprises s'imposent souvent par leurs thèmes mythiques ou leur caractère universel afin d'être appréciées par de nouveaux publics. Ou revues avec plaisir par les aficionados. C'est évidemment le cas de nombreuses pièces de notre répertoire, les classiques et les autres, mais aussi celui de certaines pièces contemporaines.

LA MAISON DU LAC d'Ernest Thompson fait partie de ces dernières. En effet, un homme et une femme de ce que l'on appelle le troisième âge et qui perdurent en amour dans une maison de rêve est un phénomène qui mérite le devant de la scène non seulement pour en souligner la rareté mais surtout pour en découvrir le secret. Ils s'appellent Kate et Tom Murphy. Et ils vieillissent ensemble avec une grâce hors du commun.

Elle, toujours dynamique, veille au grain, s'occupe du jardin et dessine des arbres ; lui, nonobstant de petits malaises, est demeuré actif ; il pêche de délicieux poissons dans le lac tout proche et relit Homère avec bonheur. Ils ont le don de relativiser les petits problèmes susceptibles de saper la sérénité de leur couple, manière de vivre façonnée et rodée durant des décennies de complicité.

Cependant – grâce à Charlie le facteur – l'air du dehors ne manque pas de leur rappeler combien les bonheurs humains sont l'objet de fragilités récurrentes et d'étonnements successifs devant l'évolution des us, mœurs et autres coutumes, y compris quand c'est leur propre fille qui leur écrit. Elle annonce son passage imminent à la Maison du Lac avec Bill, le nouvel homme de sa vie.

Je ne vais pas vous raconter l'histoire des chocs culturels induits d'autant que le nouvel amant de Claudia est accompagné de Billy un grand fils un peu brut de fonderie. Je veux tout simplement vous exprimer combien j'ai été sous le charme de ce petit conflit familial. Ainsi que de la façon dont le couple Murphy le vit et retrouve sa sérénité.

Cela va s'accompagner de deux constats très positifs. Un qui souligne la durée : c'est le quarante-huitième été que nous passons ici. Et puis l'autre – aussi lucide qu'ironique –, cette merveilleuse réflexion de Kate à sa fille concernant le sexe dit "fort" : Pour garder les hommes, il faut les comprendre ! les flatter ! les nourrir ! les soigner ! les amuser ! les dorloter ! Si possible, les aimer. Et… ne pas avoir peur de le leur dire…

La pièce sensibilise un large public. Tout baigne pour Stéphane Hillel. Le décor d'Edouard Laug relie harmonieusement l'intérieur de la maison avec les bords du lac ce qui n'est pas une performance évidente – tous les spécialistes vous le diront – et les lumières de Laurent Béal éclairent de manière heureuse les différents moments de la journée.

Les comédiens de cette aventure de scène sont tous très crédibles dans leurs personnages sans que Jean Piat et Maria Pacôme, les plus connus et reconnus d'entre eux, tirent la couverture à eux. De plus, ce couple nous fait vivre une aventure de retraités contemporains qui n'est dépourvue ni de joie de vivre au présent ni de perspectives, à condition d'avoir toujours des arbres à dessiner ou des vieux Grecs à relire. Tendresse et Humour sont les clés de leur belle maison.

Claude Chanaud 
(11/05/08)    



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Montreurs d'ours





Théâtre de Paris

15, rue Blanche
75009 Paris

Réservation :
01 48 74 25 37




Une pièce
d'Ernest Thompson



Mise en scène par
Stéphane HILLEL



Avec

MARIA PACOME
JEAN PIAT
BEATRICE AGENIN
CHRISTIAN PEREIRA
DAMIEN JOUILLEROT
&
PATRICE LATRONCHE









Editions l'avant-scène

12 €