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Journal
à quatre mains



de Benoîte et Flora Groult




Vive tes quinze ans et vive la France

Lettre de papa à Flora / Mai 1940


Au théâtre de POCHE, une création très originale vient de voir le jour et va faire le bonheur de ses fidèles ; sans oublier les nombreux lecteurs de Flora et de Benoîte GROULT dont les écrits complices ont largement servi de matrice pour leur JOURNAL À QUATRE MAINS publié en 1962. Aujourd’hui sur la scène.

Adaptée de leur livre par Lisa SCHUSTER et mise en scène par Panchika VELEZ, cette pièce tient évidemment de la biographie, du journal intime et de l’échange spontané propre aux jeunes âges ; cependant, au-delà de cette définition un peu sommaire, elle est en permanence accompagnée d’une magie très particulière.

Cela tient à la fois du talent d’évocation des deux sœurs, de leur sensibilité adolescente, de leur humour taquin et de leur complicité au moment où leur éveil à la vie s’est réalisé durant les contraignantes années de l’occupation. Concernant cette connivence, Benoîte a écrit :

L’amour fraternel est une mer étale et je n’imagine
pas de tempête qui puisse soulever cette mer-là.

Ceux qui ont vécu ce type d’entente fraternelle savent combien le jeune âge peut souder les personnalités d’un frère ou d’une sœur au-delà des caractères, des différences, des influences ou des gènes, ce que Flora a heureusement défini par cette phrase :

Je t’aime parce que tu as voyagé a travers mon
enfance. Tu es une pièce maîtresse de mon passé.

Tout est dit. La gravité du sujet, auquel les évènements du moment donnent un arrière-fond dramatique, ajoute à la force de l’évocation. Et comme un contrechant harmonieux, le journal des sœurs se déroule, sans lasser le moindre instant, dans une légèreté de style qui est leur marque personnelle On est porté pendant près de deux heures par cette tranche de vie que Lisa SCHUSTER er Aude BRIANT interprètent de manière émouvante.

Elles sont effectivement les sœurs GROULT dans leur différence affichée et leur évidente complicité. L’interprétation des deux comédiennes illustre fort bien – et sans les trahir – ces jeunes filles des années quarante partagées entre leurs études, des réactions ironiques sur leur milieu et en même temps une soif intense de se réaliser, interrogation récurrente quelle que soit l’époque.

Avec JOURNAL A QUATRE MAINS, nous passons d’un questionnement toujours actuel à une réponse individuelle totalement distanciée des sermons à la mode. Une fois de plus l’expérience ne s’hérite guère. Elle se vit. Et pour notre bonheur de spectateur, nous assistons à celles de Flora et de Benoîte jusqu’à la finale de la pièce, là où une émotion que nous partageons avec elles accompagne la libération de Paris.

Claude Chanaud 
(15/01/09)    



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Montreurs d'ours








Théâtre de Poche Montparnasse

75, bd du Montparnasse
75006 Paris

Location :
01 45 48 92 97



Adaptation :
Lisa Schuster


Mise en scène :
Panchika Velez


avec :

Lisa Schuster

&


Aude Briant






Paru en 1962
chez Denoël
et repris plusieurs fois
en Livre de poche