Marie-Ange MUNOZ

Eva, Evita



Au commencement de l'été, place Saint-Sulpice, le Marché du Théâtre s'installe à la suite du Marché de la Poésie. Ainsi, un public d'aficionados découvre avec gourmandise des comédiens, des animateurs de troupes, des producteurs, des éditeurs et surtout des œuvres nouvelles de dramaturges vivants. En cette année 2006, parmi de nombreux textes, lus, joués ou commentés, une pièce a suscité un intérêt incontestable.

Il s'agit de EVA, EVITA de Marie-Ange MUNOZ. C'est d'abord l'évocation du destin hors norme d'Eva Duarte de Perón qui devint la première dame d'Argentine dans les années quarante. Cette pièce où l'héroïne repense sa vie avant de mourir n'est pas un genre à la mode dans le répertoire contemporain mais un véritable drame "à poigne". Ainsi appelait-on au XIXème siècle les pièces susceptibles de captiver le public.

Evidemment, chacun sait qu' EVA est d'abord l'enfant pauvre d'un de ces quartiers qu'on appelle "défavorisés". Ceux qui l'aiment l'appellent EVITA et, sous cet autre prénom, elle se propose d'abolir la pauvreté. Pas moins ! Naïve et sensible elle se révèle magnifique dans son obstination. Cependant, elle va aussi devenir la compagne de l'homme d'état Juan Perón pour terminer épouse du Président puisque ce dernier est élu à la tête de l'Argentine en 1946.

L'auteur évoque les différentes vies d'EVA avant de les magnifier, voire de les transcender. Tout commence par son enfance de paumée pour aboutir à un destin très contrasté où l'on retrouve à la fois un engagement d'exaltée, une ambiance glauque où apparaissent les fantômes des nazis, de curieux délégués CGT et péronistes, la volonté très ambiguë du Président, un mystérieux trésor et l'opposition des militaires lesquels, c'est bien connu, font rarement dans la tendresse.

EVA PERON s'incarne ainsi dans un destin aussi terrible à vivre que fabuleux à raconter. Et, peut importe si l'héroïne ne correspond plus tout à fait à une copie conforme, EVA EVITA fait vibrer bien au delà.
Tous les éléments d'un drame original et très fort étant réunis, les spectateurs sont effectivement confrontés à un personnage de démesure que Victor Hugo aurait sans doute aimé, lui qui écrivait "LE DRAME C'EST LA VIE ET LA VIE C'EST TOUT".

Ainsi, le 23 juin 2006, le captivant drame historique qu'est EVA EVITA, deuxième pièce de Marie-Ange MUNOZ, est passé du stade de l'intérêt à celui des applaudissements nourris.

(La pièce était jouée par Audrey BONNET de la Comédie Française, Larissa CHOLOMOVA, Christophe GARCIA & Benoît GUIBERT)

Claude Chanaud 
(04/07/06)      



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Le Bruit des Autres, 2006
96 pages, 11 €










Eva Perón
(1919-1952)







Pour consulter
le site de l'éditeur :

www.lebruit
desautres.com