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En Ukraine, non loin de la rivière Prypiat, dans un ancien hameau entouré de forêts et de marécages, vivent, privés de tout, abandonnés de tous, une vieille femme, Baba Prissia, sa fille Slava et son petit-fils Vovtchyk, gentil naïf ou idiot magnifique. Cet endroit c’est la zone interdite autour de Tchernobyl où, trente ans après l’explosion de la centrale nucléaire, la nature a repris ses droits, chassant au loin toute trace de la civilisation humaine qui a causé sa propre perte. Celle-ci tente parfois de brèves incursions, à travers les visites de l’Îlotier, porteur de messages de l’extérieur, ou quand la radio fonctionne et peut alors donner des nouvelles, peu réjouissantes, du monde qui continue sa course folle : scandale autour de la transplantation d’organes, arrivée au pouvoir d’hommes sans moralité… Toute cette actualité à laquelle a décidé d’échapper Baba Prissia, vieille dame de 86 ans au caractère bien trempé. « Heureusement que nous vivons dans la zone… Ils ne sont pas près d’arriver ici avec leur amélioration… Je te le dis, mon petit, méfie-toi des gens, il n’y a que de la saloperie là-dedans ! » Celle qu’on appelait autrefois « La partisane » et qui a liquidé à elle seule un détachement allemand de 12 hommes, assure aujourd’hui la subsistance de sa famille grâce à sa connaissance des fruits et des gibiers que l’on trouve encore dans cet espace tout à la fois originel et contaminé. On pense évidemment aux témoignages déchirants recueillis par Svetlana Alexievitch dans La Supplication, Tchernobyl chronique du monde après l’apocalypse mais aussi dans La Fin de l'homme rouge, paru en 2013, alors que Pavlo Arie écrivait l’histoire de ce drame ukrainien. Amandine Farges (26/06/20) |
Sommaire Théâtre L'Espace d'un instant (Février 2020) 88 pages - 13 € Traduit de l’ukrainien par Iulia Nosar & Aleksi Nortyl
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