Romans, nouvelles,

et autres gourmandises...





Une gourmandise
Ce premier roman de Muriel Barbery a déjà été traduit en onze langues.
A la veille de mourir, un grand critique culinaire cherche à se rappeler une saveur qui lui « trotte dans le cœur  », « une saveur d'enfance ou d'adolescence, un mets originel et merveilleux avant toute vocation critique, avant tout désir et toute prétention à dire mon plaisir de manger.  » Et nous l'accompagnons dans sa quête mentale au fil de la trentaine de courts chapitres qui alternent ses souvenirs et les regards de ses proches qui l'aiment ou le détestent pour la place démesurée de sa passion. Pourquoi cherche-t-il cette saveur ? « La question n'est pas de manger, ce n'est pas de vivre, c'est de savoir pourquoi. »
Muriel Barbery, Une gourmandise, Gallimard 2000 et Folio


Le dîner de Babette
C'est la deuxième nouvelle de ce recueil, un texte d'une cinquantaine de pages, qui a inspiré le film « Le festin de Babette ». Contrainte à l'exil par la Commune, Babette quitte Paris pour la Norvège où elle devient la domestique de deux sœurs vieilles et acariâtres. Au bout de douze ans, elle apprend qu'elle a gagné dix mille francs à la loterie et décide de consacrer cette énorme somme à la préparation d'un dîner, à l'occasion du centenaire du père de ses logeuses, un festin inoubliable… comme ceux qu'elle préparait à Paris.
Karen Blixen, Le dîner de Babette, Gallimard 1961 et Folio


Dolce agonia
C'est aussi de dîner dont il s'agit dans ce roman, où une douzaine de personnes se réunissent chez Sean Farrel, un poète irlandais, pour fêter Thanksgiving.
« On murmure des compliments. "Délicieuse, la julienne de légumes." "Votre pain est vraiment excellent, Aron." "Géniale, cette sauce aux airelles." Des mandibules malaxent, des papilles jubilent, des langues zigzaguent, des épiglottes claquent, des œsophages font jouer involontairement leurs muscles. »
« Une fois apaisée la faim première, la plus urgente (du reste il s'agit plus de curiosité gustative que de faim à proprement parler), les convives commencent à chercher des sujets de conversation. »
Et il s'en passe des choses au fil de ce dîner !
Nancy Huston, Dolce agonia, Actes Sud 2001, Babel et J'ai lu


Histoires de bouches
Après avoir publié sa thèse, Le corps à corps culinaire (Seuil, 1976), Noëlle Châtelet a choisi la fiction pour continuer à évoquer nos émois gastronomiques. Ce recueil (Prix Goncourt de la Nouvelle en 1987) regroupe dix-huit récits « inspirés de faits réels, où la nourriture est prétexte à dévoiler ce qui se cache en chacun de nous, où la nourriture devient langage. Comiques, tragiques, tragi-comiques, il y en a pour tous les goûts… »
Ainsi ce directeur d'usine contraint par la guerre et le déménagement de son usine à un pique-nique collectif et troublé par un certain fumet : « Pas de doute possible : c'est bien une odeur de cuisine qui vient de lui être assénée, et pas n'importe quelle cuisine ! Celle des grands jours, celle du mijoté, celle de la viande en sauce, la cuisine des jouisseurs. La pire, car la vraie.  » Bon appétit !
Noëlle Châtelet, Histoires de bouches, Mercure de France 1986 et Folio


Éloge du gros
Thomas est gros, depuis l'enfance, et il aime trop manger pour ne pas le rester. Il rencontre Zelda, « désirablement grosse », qui tombe amoureuse de Thomas ou plutôt de son Frigidaire, « Tout blanc, comme une baleine posée sur l'eau. Calme parfaitement immobile. Il m'attire. Il fait de plus en plus chaud. Le bout de mon sein touche le métal froid. […] La poignée me rentre dans le ventre. Ça fait mal, et pourtant j'aime ça… ». L'histoire folle d'un amour fou. Et Thomas est prêt à tout pour garder Zelda, prêt à toutes les recettes amoureuses et gastronomiques : « Ni trop chaud, ni trop froid. Le chocolat doit rester à température constante. Là réside toute la complication de l'opération. Elle s'approche, je défaille. La température. Le rhum ! Le grain délicat de sa peau. Le chocolat fondu. Tapisser le moule à charlotte des biscuits roulés dans le vieux rhum ambré. »
Patrick Iratni, Éloge du gros,Le Rocher 2001


Le jardin du pâtissier
Jean-Louis Yaïch, « l'homme qui a perdu cent kilos », était connu pour ses livres sur les régimes et les calories. Dans ce premier roman, François, né un soir de Noël, devient un pâtissier de génie « créateur d'œuvres meringuées, boulimique de toute chair. Son désir fugace l'incite à engendrer des femmes imaginaires et éphémères… ». Mais il souffre de son obésité, « Je suis devenu gros par distraction », et de sa boulimie, « Caché dans mon camion, je mange des pans-bagnats, des pissaladières et autres farcis froids avant de me pencher pour vomir sur la lunette de mes W.-C. ».
Jean-Louis Yaïch, Le jardin du pâtissier,Eden 2001


Aphrodite : contes, recettes et autres aphrodisiaques
Un livre délicieux où contes érotiques et recettes aphrodisiaques se mêlent intimement. « Le plaisir charnel le plus intense pris sans hâte sur un lit désordonné, clandestin, combinaison parfaite de caresses, de rire et de jeux de l'esprit, a goût de baguette, de prosciutto, de fromage de français et de vin du Rhin. L'un quelconque de ces trésors de la cuisine fait apparaître devant moi un homme précis, ancien amant qui revient avec persistance, tel un fantôme aimé, éclairer mon âge mûr d'une lumière espiègle. Ce sandwich au jambon et au fromage me renvoie l'odeur de nos étreintes, et ce vin allemand, le goût de sa bouche. Je ne peux séparer l'érotisme de la nourriture »… « De là est venue l'idée de ce livre, voyage sans carte à travers les régions de ma mémoire sensuelle, où les frontières entre l'amour et l'appétit sont si floues que je m'y perds parfois. » Un livre très érudit, magnifiquement illustré où l'on peut déguster la vie par tous les sens.
Isabel Allende, Aphrodite, Grasset 2001


Psychanalyse de la gourmandise
Pour les gourmands qui veulent en savoir plus…
« Qu'est-ce que la gourmandise ? Une manière d'être au monde. Une jouissance. De l'air, de l'eau, du goût, du souffle, des odeurs. Et des mots, des mots, des mots...
Avidité insatiable du trou qui chérit le vide et le besoin de remplissage, même si celui-ci se doit d'être éphémère : un vide plein perd son sens, en créant une rupture de l'espace du vide. Les trous du corps, cependant, naïvement, cherchent l'aliment total qui rassasiera leur nécessaire vacance en demande constante. »
« Assumer une pulsion vitale, en accepter les limites apportées par les fantasmes originaires, les angoisses primitives, la violence innée, intégrer le tout dans un moi en ouverture sur le monde et puis faire avec... Voilà le souhait que la fée-représentante maternelle devrait émettre devant chaque berceau.
Être gourmand, c'est savoir aimer. »
Gisèle Harrus-Révidi, Psychanalyse de la gourmandise,Payot 1987


Les sept péchés capitaux / Gourmandise
Sébastien Lepaque a concocté une anthologie pour chacun des sept péchés capitaux. Gourmandise est la dernière de la série.
« La gourmandise a pour elle d'être le plus enfantin des péchés capitaux. Aristote qui l'examine parmi les vices opposés à la vertu de tempérance, la rapproche d'ailleurs des fautes propres aux enfants. »
« C'est vrai qu'il plane un délicieux esprit d'enfance chez tous les gourmands mis en scène par la littérature. »
Treize textes constituent ce recueil : Daudet, Brillat-Savarin, Derème, Plutarque, Scarron, Dante, La Bruyère, la Comtesse de Ségur, Boileau, Rabelais, Marot, Grimod de La Reynière et Zola. Un menu classique avec, parmi les amuse-gueule, une citation de Saint-Augustin : « Dans le manger et le boire, qui est celui, Seigneur, qui ne s'emporte pas quelquefois au-delà des bornes de la nécessité ? ». Faute avouée est à moitié digérée.
Sébastien Lepaque, Gourmandise, Librio N°420


Scènes gourmandes
Une autre anthologie, regroupant, cette fois-ci, une trentaine de textes de la dame de Nohant. Béatrice Didier conclut ainsi son introduction :
« À lire George Sand, on ne recueillera pas seulement des recettes qui nous donnent envie de faire à notre tour de la cuisine berrichonne – qui n'aurait envie d'essayer de faire une omelette aux écrevisses ou une tourte aux poires en suivant ses instructions ? – on prend conscience, par-delà le rôle romanesque de ces moments de convivialité, du rôle social de la nourriture dans la vie humaine, de son rôle initiatique et même mystique : tout repas est susceptible de devenir une Pâque.»
George Sand, Scènes gourmandes, Librio N°286



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